Le baiser fatal – Philippe Dutailly

Le baiser fatal (17 février 1974)

Nous étions là, ensemble,
dans ce parc sublime.
Là à nous regarder…..
Le printemps magicien
faisait pousser la vie
et l’odeur de la terre
enivrait nos narines
de ses parfums suaves.

Tout allait renaissant,
même nos mots courtois
qui s’emplissaient d’émoi
dans cette promenade.
Plus un pas nous mouvait,
plus il nous rapprochait
Nous allions devant nous
au hasard du chemin
mais à errer sans but
on ne peut se perdre…

Lorsque soudainement
nous avons ralenti
puis nous avons stoppé
éblouis et fébriles
figés par l’émotion.
Et là, en automate,
sans la moindre pudeur
dans l’instant singulier
je te pris dans mes bras
ou je fus pris par toi ?

Un léger sourire
éclaira ton visage
tel un paysage
sous un trait de soleil.
Et mes yeux dans tes yeux
devinaient un appel
plus fort que la raison.
Puis sans chercher ma bouche,
tu tombais sur mes lèvres,
ou, peut-être, mes lèvres
cherchaient-elles ta bouche ?

Ainsi qu’Adam et Eve,
tu donnas ta passion
et moi, mon innocence,
et notre enlacement
devint vite une étreinte.
Ma langue parlait, émue,
tous les mots de ta bouche.
mais nous n’avons pas dit
ces émouvants “ je t’aime”.
Pourquoi dire “ je t’aime ”
alors qu’à l’évidence
était l’adolescence
et ses dons absolus.

Puis d’un coup vint la peur,
y-aurait-il un destin
après notre baiser ?
alors je t’ai lâchée
peut-être fut-ce toi ?
L’émotion était forte
et ma mémoire est faible !
Et puis, tu m’as souri
lors je fus rassuré.

Le prologue était mort,
l’histoire commençait.
Commençait pour finir
car la fin de journée
imposait la rupture.
Alors vint la tristesse
et les pauvres sourires
où tant de choses à dire
demeuraient en chacun.

Mais, pourtant, ce silence
semblait lourd de sens.
Quand le dernier baiser
puis le dernier regard
entraînèrent l’amour
vers un demain trop long.

Alors, revenu seul,
j’inventais ton visage
et livrais mon message
amoureux à mes anges.
D’ailleurs, c’était ton nom
et prénom Catherine.

17/11/1992

Philippe DUTAILLY (89)

Tombé amoureux de "L'albatros" de Charles Baudelaire, poème appris lorsque j'étais 'écolier et nourri au hasard de Victor Hugo, Georges Brassens, Léo Ferré, Lamartine et beaucoup d'autres, j'ai commencé à faire rimer les mots vers l'âge de 18 ans. D'abord très inspiré par Brassens, j'ai pris, au fil du temps, mon autonomie pour en venir à des textes plus intimes qui, pour certains, servirent d'exutoire à des émotions mal vécues.

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• La fille-oiseau – Philippe Dutailly
• Ce verre qui la colle – Philippe Dutailly
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