L’automne tisse sa toile – Véronique Monsigny

J’ai tissé cette étoile de la soie d’Arachné
Une toile ancestrale d’argent filigrané
J’y ai mis tout mon art j’y ai passé mes nuits
Pour allumer un phare naufrageant l’ennemi

La nature complice s’est faite Salon d’Automne
Pour présenter mes toiles aux curieux autochtones
Le brin d’herbe ployant sous les gouttes de rosée
Supporte gentiment le poids de mon filet

J’épie dans le silence qu’un insecte imprudent
Manquant de vigilance vienne se jeter dedans
Petits coléoptères ou papillons éphémères
Je ferai je l’espère un délice de chair

Mais un dieu interlope arrive et me piétine
Son œil de cyclope tout à coup s’illumine
Non content de détruire le piège nourricier
Il m’oblige à fuir loin du pré pitancier

Illustrations Olivier Blanchard

Véronique Monsigny Octobre 2023

Véronique Monsigny (204)

J'ai commencé à écrire des poèmes à l'âge de 60 ans. Ce n'est pas moi qui les ai cherchés, ils se sont imposés à moi comme une bouffée d'air pur au moment de la retraite. Enfin laisser parler les mots qui dorment en moi !
J'ai lu Victor Hugo et Lamartine à l'adolescence, puis Aragon et Baudelaire un peu plus tard. Brassens a bercé mon enfance. Ils m'ont appris à rimer en alexandrins.
Le virus était en moi. Il y a sommeillé le temps de travailler, d'élever mes enfants, de taire mes maux pour mieux m'occuper de ceux des autres.
Et voilà le flot de mes rimes sur lesquels je navigue aujourd'hui, au gré des jours bons ou moins bons. Ils me bercent, ils m'apaisent... je vous en offre l'écume du jour.

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