L’arrêt net – Christian Satgé

                                                                                                                 Petite fable affable

Dans la mare, c’est l’heure de la sieste,
Dans un nasillard ballet babillard
Un moustique bavard se manifeste,
Un raseur effronté, un brin braillard.
La bestiole verbeuse et volubile,
En scie incessante, en lassant ballet,
Vient agacer, puis échauffer, la bile
D’une placide grenouille affalée.

Chatouillant les naseaux de la rainette
Dans sa ronde, le diptère jaseur
Ne vit pas que l’amphibienne binette
Prenait du courroux les sombres roseurs.
Menuet cancanier, polka piquée,
Valse vrombissante, quadrille en trilles,
Le lancinant insecte, un paltoquet,
A tout essayé dans son vol, dans ses vrilles.

Pierre impassible, notre batracien,
Comme s’il voulait, les yeux en amandes,
Donner un mot d’accord au musicien
De cette exténuante sarabande
Qui aurait saoulé une sauterelle,
Ouvrit sa gueule, jusque là, crispée.
Sans un mot, le danseur de tarentelle
Il happa tout sec, retrouvant la paix.

Pour calmer les casse-pieds qui vous chauffent
Point de branle et pas d’air déconfit,
Comme ils sont tous fait de la même étoffe,
Un coup de gueule, un seul, souvent suffit !

© Christian Satgé – juillet 2011

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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