Petite fable affable
Un enfant, sur la plage abandonnée, dessine
Jusqu’à ce que le soir qui, parfois, nous fascine
Le renvoie, las, à ses rêves un temps envolés
Ou vienne prendre la mer déboussolée.
Une mouette l’oeil sur les traits dans le sable
Se prend à dire tour haut : « Qu’a-t-il fait, que diable,
Ce chenapan avec son bon bâton : un rond
Et un demi-cercle… J’y suis ! fait fanfaron
L’oiseau : c’est un gros neuf ! un de leurs signes, un chiffre !
– Certes ! fit un goëland jouant de son fifre,
Venant à l’opposé : c’est un symbole humain,
Mais un six, qu’a tracé là sa petite main.
– Que nenni, importun ! c’est un neuf sur la grève ;
Je le sais : j’en ponds, moi, mon cher gobeur de fèves !
– Et niet, la mouette ! C’est un six. C’est obligé.
– Ne vous en déplaise et sans vous désobliger
L’une et l’autre, fit alors un pataud troisième
Marin, aux deux ailes par trop grandes, albatros
De son état, piteux au demeurant, Kéros
Étant son berceau, mais si vouliez vos places
Échanger vous verriez vite, et sans fallace,
Que vous avez raison l’un et l’autre et, pis, tort
L’autre et l’une sans que je sois esprit retors.
Qui veut juger, ici-bas, des gens et des choses
Doit savoir que tout est affaire de point de vue :
Nul ne se trompe en tout comme aucun virtuose
N’entend rien sans bien vite être de la revue ! »
© Christian Satgé – mars 2018
Superbe Christian très beau et doux texte dans une profondeur éclaireuse Bravo
Bonjour Christian, j’adore vos fables, et vous êtes un merveilleux conteur.Amitiés
Le mien de jugement, c’est que c’est une réussite. Texte difficile à construire, je retrouve avec plaisir mes lectures d’enfant. M.G
belle morale, bien composé, posant dilemme ou pas
merci à vous
Oui tout est question d’interprétation, personne à tort ni raison,
vous l’avez bien dit comme d(habitude avec vos si beaux mots..
Anne.
OUI… “Tout est affaire de point de vue”
Merci Christian
Amicalement
Chantal