Le mille pattes inquiet – Christian Satgé

          
 
Petite fable affable
 

Il ne pouvait faire un pas, ce mille pattes,
Sans poser, à ses rencontres, questions
Et problèmes or que répondre, patate,
À qui s’est donné pour seule mission
D’être quelqu’un car il se sentait quelque chose.
Voilà qui n’est pas simple et pousse à la glose.

Que ce myriapode croisât l’osmie,
Un gros cloporte, un criquet ou une mante
Il demandait sans cesse ni prud’hommie,
Ce qu’on pensait de lui craignant qu’on ne lui mente,
Priait d’un regard flou qu’on le jugeât bien,
Qu’on le lui dise comme à un vrai microbien.

Cette tête d’iule lassait son monde
Faisait fort jaser les oiseaux gouailleurs,
Les moins aimables l’invitaient à se taire, immondes,
Ou à aller se faire scolopendre ailleurs.
Pourtant cela ne le décourageait point
Et, à force, on lui aurait donné du poing.

Un matin, une bête plus sage, au loin,
Porta remède au malaise de cet être :
« Tu es “un” quelqu’un quand tu n’as plus besoin 
De chercher la reconnaissance d’autrui pour être ! »
Ainsi causa donc à notre invertébré
Avant de l’avaler, une grive timbrée.

 

© Christian Satgé – juillet 2017

 

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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