la métaphore de la mue Laurelise Chalzib
Je faucillais, désherbais. Quand
J’aperçus une mue, posée
Là, sur la pierre; intacte.
Une mue de vipère, le triangle de la tête
La forme des poches à venin. Visibles.
Faire peau neuve, se transformer. Muer….
Que restait-il au fond?
Quelle lecture faire de cette peau morte?
De cette trace légère comme un zéphyr ?
La vipère vivante, rampante, chassant
Se terrant parfois, cachée.
La peau morte, immobile, visible.
Ici gît l’ancien, l’impur, le refoulé.
Cette peau, vieux grimoire à déchiffrer
Sa moirure, sorte de futur antérieur
En dévoilait plus. Que celle
Occupée ailleurs, séduisant, soufflant, musardant
La venimeuse celle dont on peut-être mordu
Évanouie, tel un ravissement . Mais vive
Plus vive que morte comme sa peau
Cherchant à l’aide de sa langue bifide
Quelque résonateur pour exciter les fréquences
Vibrer avec lui avant de l’hypnotiser et le dévorer.
La muance cet intervalle entre être et non-être
Ce dépôt, ce reste, ici gisant comme un parchemin
Objet égaré, anonyme, désarrimé
Ce fragment comme une lettre de vérité
Est tout ce qui restait en écho
Là sur la pierre au soleil……