La fille aujourd’hui – Christian Satgé

 
Petit fable affable sur une idée de Françoise & Adrien
D’après la Fille de Jean de la Fontaine, Livre VII, 6
 
Margot si parfaite et altière,
Choisira ami ou mari
Comme robe ou collier : il faudra, sans manière,
Qu’il la valorise aux yeux des femmes d’ici
Et qu’il soit éphèmère aussi,…
Riche, parlant avec aisance,
Humour, patient pour tout, jeune, aimant recevoir,
Amant doux et doué, ménager par devoir,
Amadoué, facteur de stances
Et, il va sans dire, fidèle à sa moitié !
À treize ans, elle aura sa première romance
Avec un Don Juan, détrousseur du quartier ;
Lui, qui n’en voudra qu’à ses fesses,
La fera parure, la traitant sans tendresse.
Le suivant l’aimera en fou même au-delà…
Finira homo’ pour cela.
Puis viendra l’ère licencieuse :
Junky funky, Sapho précieuse,
Fils paumé, père amer, mari aigri, sergent
Ou vieux dépensier sans argent,…
Jamais une occasion qui ne soit belle et bonne
Pour espérer, à deux, vivre plus d’une nuit.
Aucun n’ira à la mignonne :
Les “trop” et “trop peu” éconduits,
Il faudra poursuivre l’étude.
Donc, elle aura, selon la mode du moment,
Cent amis, compagnons, soit tout autant d’amants.
Point de mari pointant dans cette foultitude !
L’âge et l’amertume durciront chaque jour,
Ses traits. Fards et crèmes suffisent jusqu’au jour…
Donc, pour continuer à plaire,
Trouver sa perle rare, elle fera affaire
Avec le dieu Botox, confiera ses fleurons
Au lifting, plus que de raison.
Avec son corps tout neuf et son nouveau visage
Elle ne fera plus son âge
Séduisant des jeûnots, embarquant des volages,…
Son miroir, ses amies notant les avaries
Il faudra se caser. Finies badineries,
Désir irréaliste et quête si spécieuse.
Marrie, elle épous’ra un gros chauve chenu,
Pauvre, idiot et violent à l’âge où la Chanceuse
Ne pourra le faire cocu !
 
© Christian Satgé – avril 2012

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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