Face au dessert d’ocre et de sable, à l’ombre d’un muret, deux berbères d’un âge certain, buvaient le thé.
Á quelques pas de là, une conversation animée, chahutait le climat serein du matin.
Leur voix était connue de tous.C’était les deux compères, les deux complices qui ne se quittaient jamais. Quand l’un disait tire, l’autre disait : pousse !
Moshé et David, allérent directement vers nos deux berbères.
-Shalom Hajj.
-Salam mes amis. Que nous vaut l’honneur de votre visite ?
-Une difficulté de la plus grande importance. Honnêtement Kenzi, mon honneur est en jeu. Toi seul peut me sauver, je te jure sur la torah, ma vie dépend de toi.
Les deux berbères se mirent à rire, connaissant la verve animée de ces deux grands acteurs.
-Nous vous écoutons, lança Ibrahim.
-Il nous faut un âne de toute urgence et un mouton, mes frères je vous prie c’est une question d’honneur.
-Tu le sais mon ami, que nous ne mangeons pas nos animaux et encore moins nos ânes !
-Mais, ce n’est pas pour manger el Hajj, c’est, comment dire, heu, aide moi David parle pour moi mon fils. Je sens que je meurs. Apportez-moi une chaise, du thé, et un éventail.
David leva les yeux au ciel et dit :
-Voilà, il y a une femme qui a brisé mon cœur, belle comme un pain enzyme. Je ne peux vivre sans elle.
-Et alors dit le vieillard ?
-Elle s’appelle Jeanne, je suis allé voir son père. Il me l’a promise, mais à une condition, que je règle son problème. Le 25 décembre, il sera déshonoré. Il doit construire une hutte en bois pour la naissance d’un enfant. Il leur faut à tout prix, un âne, un mouton, et deux chameaux. Je te jure sur la torah, si tu me les prêtes, la fille m’appartiendra. Je te labourerais les champs durant 3 mois.
Le Adj. qui avait un cœur d’or répondit :
-6 mois de labourage et ta femme nous fera du pain pendant 3 mois.
-Tape là dit David
.-Je te prête un âne, deux chameaux mais il n’y a pas de mouton, il n’y a qu’une chèvre.
-C’est mort pour moi dit David. Sur la torah, je suis mort, j’ai donné ma parole.
-Non attends, je sais dit le Hajj, on va te donner une chèvre noire, elle s’est fait engrosser, cela pourrait faire illusion, vu que nos moutons sont noirs.
-Il me reste un gros problème..
-Explique donc mon ami, tu le sais que sous cet arbre tous les problèmes sont résolus.
Il me faut également, un berger, un ange et trois rois mages.
-Laissez-moi réfléchir dit le hajj qui était aussi le chef du village.
Bouzid le petit dernier d’Ibrahim fut appelé par son père.
-Mon fils va au temple, va chercher Adnug, ramène le au plus vite. En attendant mes amis venez nous allons boire du thé.
Peu après arriva un bonze habillé d’une robe safranée.
Joignant les deux mains, s’inclinant bien bas l’homme sage dit :
-Namasté mes amis. Que puis-je faire pour vous ?
-Toi seul peut nous sauver dit le Hajj, Il nous faudrait trois bonzes pour remplacer les rois mages. Ils ont pris du retard, à cause des grèves, coincé dans le RER.
-Je peux vous offrir cela. Vous les voulez petits, grands, gros colorés.
Le père de David se leva d’un coup, comme Lazare ressuscité.
-Oui, du coloré et si tu veux, j’ai même du tissu pas cher pour leur faire des robes.. je te fais un prix d’ami.
Le hajj éclata de rire.
-Ne renverse pas la vapeur Moshé, ils nous aident, mais ils ne vont pas payer pour toi.
David aurait pu vendre du sable aux arabes et de la glace aux esquimaux. Roi de la vente, mais ce jour-là, il fit profil bas.
-Ne vous inquiétez pas, mes amis sont à votre disposition.-
-Il nous manque le berger, avança David, l’air désespéré.
Le bonze appela le prêtre orthodoxe.
-Dit moi Nikos, nous avons un problème dit le bonze, toi seul peut nous sauver.
-Oui mon frère je t’écoute parle !
-Peux-tu nous rejoindre sur la place du village ?
-Je viens à vous.
Le pope vint avec sa nonchalance habitude.
-Kalimera mes amis.
-Shalom.
-Salam
-Namasté Nikos. Peux-tu nous prêter un berger où un pâtre Juste pour le 25 décembre. Toi seul peux nous sauver.
-Oui il est à votre disposition.
Maintenant, il ne me reste qu’à trouver des anges.
-Ne t’inquiète pas répondit le pope, j’ai une idée !
Le pope appela le temple protestant pas loin de la colline.
-Kalimera mon ami. Toi seul peut nous sauver, pourrais-tu me prêter deux sœurs avec leur aube. C’est pour le 25 décembre.
-Bien sûr, je serais heureux de te rendre service.
– tout va bien répondit Nikos.
Le hajj dit alors; venez prions ensemble pour la paix qui nous réunit en ce jour. 24 décembre au matin.
Un chrétien, deux juifs, deux arabes, un bonze, un protestant, un orthodoxe et un athée construisirent avec les moyens du bord une crèche pour accueillir un nouveau-né.
L’âne fut en place, le bœuf, les chameaux, les fameux MOUTONS, les rois mages et des anges venus de nul part.
L’enfant naquit le 25 décembre dans un lieu, qui officiellement se nomme Betléem, mais officieusement il se trouverait ailleurs,
cela gâce à une chaîne humaine.
si l’humain voulait !
Toute la fratrie que j’aime, elle vient de là, elle vient de ta poésie !