Évasion – Sarah Delpech

L’odeur d’une urine vieille et désagrégée qui frétille en mon blair et sautille sur mes bottines sales attirant tous les vers du quartier.

Un arôme de psychotropes, de plantes vertes, pas celles que l’on prime dans les salons mais celles que l’on vend dans les rues désertes.

Candélabres et falots lancés par delà les arbres comme des fagots, pour atteindre le garde des sceaux et sa troupe s’approchant des parias pour prendre leurs drogues. Ils emportent aussi espoir et toute loi éthique. Ce, même si la boite de Pandore ne leur appartient pas.

Parce que le divertissement n’est permis que si le roi le décide.

Le roi des cons qui prend son peuple pour une meute de sots bons qu’a la trime sous peine d’être pendu ou jeté à la dérive.

Quelle idiotie de penser que leur panse n’est pas réfléchie. Qu’elle peut être rassasiée par trois bouts de merci. Le corps et l’esprit dit-on. Peu importe la taille de la coupe ou le poids de la soupe, ils s’en viendront.

Electuaire pour ne plus se taire face aux vrais brigands qui vibrent pourtant dans les mêmes péchés.

Délétère les pensées des cousus d’or orientés par des magiciens et des conseillers. Ceux-là mêmes que l’on mène au bûcher s’ils ne sont pas des DE.

District dégoûtant plein de maladies et de ses bêtes répugnantes, saoules qui ne marchent plus droit. Quelques unes à la recherche des restes de ceux qui jettent et ne comptent pas.

Le jour il y a des marchés nauséabonds de pauvres gens qui sentent le poisson.

La nuit, des viols et des bières brisées. Du bruit, des vols, des mères et des prières trompées.

C’est un filet d’acier, une cage foncière qui donne goût au papier parce qu’il n’y a que cela à faire. À la lueur d’une bougie, à la lumière de la lune ou sous le feu d’un éclair, j’écris mon dégoût de la patrie qui m’apparaît bien amère.

Faubourg immonde empli de cupidité, d’avarice et de principes masqués.

Parfois, l’on aperçoit la tour du monde sortir de son palais pour quelques délices cachés.

Aucune cité ne vaut plus qu’une autre. Les misérables sont partout. Déguisés en savant ou en fous, ils raclent et déciment chaque partie de ce berceau putride qu’est ma ville.

Une guerre et des montagnes qui se soulèvent. L’histoire se répète sans cesse. Des têtes et des gestes qui sombrent. Quel macabre décor.

À la veille du chaos je partirais sabots en main, je marcherais tôt le matin et des heures durant. Guidée par les rais du soleil j’attraperais l’aile d’un défunt papillon qui prendra l’allure d’une relique précieuse.

Je boirais à l’écorce des arbres et je pourrais jouir des émotions que procurent la terre grasse quand les pieds sont nus dans les forêts traversantes.

La magie d’un périple, d’une liberté dûment gagnée et réparatrice.

Je mangerais ce que les loups voudront bien me laisser et je raconterais des fables aux fleurs que j’aimerais comme on aime ses enfants.

Je verserais mes larmes méritées sur le gel des lacs à ma portée. Elles feront fondre la glace et j’apercevrais des piscis danser.

Précise je serais lorsque la nature daignera montrer ses plus beaux attraits. Touchée en plein cœur, je lui chanterais chaque soir des berceuses.

Je dormirais en germe dans les bras des ronces naturelles qui ne piquent que les malfrats.

Qu’elle est belle ! Cette vie qui m’attend. Que je rêve et que je béer chaque fois que luit l’étoile polaire. Je le jure par le sang, je partirais sous peu vers une destinée épistolaire.

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Sarah Delpech

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Il est rare que je respecte les règles de la poésie classique ou des textes. À mes yeux la poésie est une liberté indomptable. Les mots sont tous puissants et chacun d’entre eux est un poème.

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