Je m’aperçois que j’ai laissé la roue tourner sans vous en conter tous les rayons.
En vérité, chacun d’eux mériterait un chapitre à lui tout seul.
Aussi peut-être devrais-je prévoir un tome qui s’intitulerait : “Et moi et moi et moi”.
Car finalement, je n’ai parlé que de l’élève Jean-Marie, alors qu’il n’était qu’un maillon d’un patchwork où s’entremêlaient également ma famille, mes copains de résidence, mes copines du Lycée Descartes, mes vacances, mes pensées, mes écrits et ma croissance intellectuelle et spirituelle…
Donc prévoir de feuilleter tôt ou tard : “Ma famille et moi”, “Les filles et moi”, “Mes potes et moi”, “La musique et moi”, “Les vacances et moi”, “Dieu et moi” etc.
Pour le moment, je vous découpe ma vie en coupe longitudinale, ou diachronique, comme une baguette pour un sandwitch, mais tôt ou tard je vais devoir vous en livrer une coupe transversale (ou diachronique) comme on tranche un saucisson pour l’apéritif. Restons simple et disons qu’il faut vous attendre à des chapitres thématiques, ce qui impliquera un risque de redite dont, je l’espère, vous ne me tiendrez pas rigueur. Pour ne pas vous lasser, je suis prêt à changer les couleurs d’écriture et les prénoms de mes rencontres. Je limiterai au maximum les inévitables flash-back pour jeter un coup de projecteur sur la scène oubliée d’une tranche de vie antérieure.
Pour le moment, j’essaie de digérer de n’avoir eu le bac qu’avec une mention qui ressemble à la mention « C’est pas si mal que cela ». avec un grand pas à faire en avant, un grand saut dans l’inconnu, à la rentrée de septembre.
Ce bac je l’ai passé à Bourg la Reine au Lycée Lacanal dont j’ignorais l’existence et la spécialité.
Ce n’est qu’après la dernière épreuve que je me suis renseigné : on y préparait Khâgne et Hypokhâgne. Moi qui aimait toutes les matières, j’aurais bien poursuivi leur apprentissage au niveau du dessus et je découvre que cela existe et se cache sous ces néologismes barbares.
Que s’est-il passé au juste ? Depuis tout jeune je voulais devenir professeur de musique. Dans cette optique je m’étais inscrit au conservatoire de musique de Fresnes à des cours de solfège, d’analyse harmonique, d’harmonie et de composition avec pour professeur monsieur Allenbach. La voie me semblait toute tracée. Or, au milieu de mon année de terminale, ma maman a été convoquée par la directrice. Au rendez-vous, l’y attendait non seulement mère Delval, mais aussi madame Attali-Gillois, ma prof de philo. Ces deux personnes lui ont dit que j’avais des aptitudes certaines pour la philosophie et que je devais m’inscrire en licence de philosophie à la Sorbonne en vue d’enseigner cette matière . Quand ma maman m’a rapporté ce conseil aux relents de diktat, j’ai laissé tourner l’idée dans ma tête, je l’ai mixée avec mon projet professionnel initial et j’ai très vite tiré ma conclusion : je m’inscrirais à la Sorbonne à un double cursus philosophie-musicologie.
Vu l’on m’avait conseillé de m'”acquitter” d’une matière en première année, j’ai tout misé sur la philosophie mettant la musique en stand-by pour un an. Il me restait deux mois d’entracte pour respirer.