Dernier jour –
Le soleil bave ses rayons gluants du ciel
Dégoulinant, et le bleu délavé s’enfuit.
Les arbres perdent leurs feuilles, leurs dents, leur miel
Dégoulinant, et le vert pâture a jauni.
Il ne reste que douze heures, sous la détresse
Les klaxons pressent l’anarchie de ces humains
Qui s’affolent à tenir leur dernière promesse,
Et serrer à la mort leur amour des deux mains.
Il y a deux camps en ce dernier jour de vie :
Les fous entre eux se battent pour leur survie
Les insouciants pensant à se lever de bonne heure
Mais leur réveil indique qu’il reste six heures
Et des hurlements naîtront aux flammes des rues.
Les pleurs vains de femmes qui essuient la peau claire
Des visages de poupons, qui n’auront rien vu
Ni connu de la vie, qui s’écroule sous terre.
La lave gisant des sols fend chaque chemin.
Des étoiles défaillantes dans les yeux ivres
Le solitaire mourra de ses propres mains
Quand il restera moins d’une heure à survivre
Toute dénaturée, les derniers cœurs vont rompre
La lune pleure et s’effrite, plus qu’une minute
Ô nuit tombant, la première fois au sens propre.
Et le glas. Glaçant à jamais tout ce tumulte
Au-delà du temps, il ne reste plus un souvenir
De notre ignoble passage sur cette Terre.
©Aldrick Le Mat