Chinoiserie – Christian Satgé

Petite fable affable

Dans les rues de Pékin – ou était ce Nankin ?! –
Riant pays des palanquins,
Une mouche volait vers un amas d’ordures
Pour y quérir sa nourriture.
Une toile invisible, par araignée tendue,
La laissa en l’air suspendue
Avant qu’Arachné ne vienne la bâfrer vive.
À son repas la bête eût convives :
Des moineaux la sentant ainsi bien occupée
Se la disputèrent à souper.

Celui qui la goba tomba entre les griffes
D’un chat efflanqué. L’escogriffe,
Digérant en ronflant comme un vrai mandarin,
N’entendit pas le chien contraint
De se nourrir de vent et, par trop, d’aventures
Qui, le croquant, s’en fît pâture.
L’errant ayant, par ce repas, un peu grossi
Un traiteur le vit… et l’occit.

Il l’accommoda à quelque sauce aux épices,
Le servit à l’heure propice
Où le client ne se fait plus trop exigeant.
Celui qui mangea l’engageant
Ragoût mourut, on ne sait pourquoi, la nuit même
Dans les douleurs les plus extrêmes.
Les vers qui mangèrent son corps devenu lourd
Dessous ses habits de velours
Disaient : « Souviens-toi de la mouche, notre mère,
Qu’avala l’araignée amère
Que becqueta l’oiseau et que happa le chat
Sur lequel le chien ne cracha
Avant que tu ne le mangeasses sous torchères
Pour faire une bien bonne chère ! »
Comme l’insinuent ces insignes animaux
Du ventre viennent tous nos maux.
Mais le plus gros n’a pas toujours le dernier mot !

© Christian Satgé – juillet 2011

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Invité
1 juillet 2018 8 h 44 min

j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce poème, où les bêtes se mangent les unes après les autres, belle imagination, et cela évidemment ne pouvait se passer qu’en Chine, puisque dans certaines régions, ils “bouffent” les chiens ! Belle fable ! qui en fait n’en est pas une !
Amitiés.

MARIE