Petite fable affable
Un matou matois faisait partout sa loi :
De la cave au grenier que l’on ait quatre
Pattes, ou plus, on lui était un hors-la-loi
L’ignorer c’était risquer de le combattre,
Le combattre vous exposait à souffrir.
Cela se savait dans la vieille ferme,
Cela se disait, se répétait : Mourir,
Cette idée faisait frissonner l’épiderme
De tout animal, fût-il bête, en ce lieu.
Aussi, ce chat-là n’avait-il qu’à paraître
Pour qu’aussitôt on s’enfuie devant ce dieu,
Qu’on se cache ou, pis, qu’on n’ose un son émettre…
Sa réputation de tyran recuit,
Plus que ses actes, faisait tout aujourd’hui !
Ainsi la vie passait, fort douce et heureuse
Pour le patte-pelu, mais dans la terreur
Pour la population terne et peureuse
Des bestioles qui craignait l’horreur
Plus qu’elles ne la vivaient, à vraiment dire :
Pour elles, mieux vaut prévenir que périr,
En tout et pour tout… quitte à le sort maudire ;
Mais devant ce shah nul n’osait renchérir.
Un soir, un furet entra par la fenêtre
Au royaume du félin et fustigea
Ces sujets apeurés, soumis à un maître
Qu’il saigna. Il dit, prêt à partir déjà :
« Il y a, ici-bas, autant de paresse
À se laisser gouverner que de faiblesse*. »
© Christian Satgé & d’après Jean de La Bruyère (*), Caractères (1687)
Oh ! Chat alors ! (je lève les yeux et vois que c’était aussi un de vos poèmes de mai, je n’avais pas encore intégré ce site – je ne dirais pas que les “grands esprits”, etc … .Je déroge à la règle.. Merci pour cette fable, pauvre chat tyran : Amicalement, Simone.
Oh ! Chat alors ! (je lève les yeux et vois que c’était aussi un de vos poèmes, je n’ét