Un beau léopard – Christian Satgé

Petite fable affable

En savane, des soirs bleutés aux aurores grisées,

Un léopard de sa beauté ocellée se grisait.

Ce sot Narcisse qui, à d’aucuns, paraissait pitoyable,

Se croyait le plus bel ornement de l’auguste Cour

De Sire Lion et donc à ce titre indispensable

À son prestige, et à son apparat, sinon à court

D’une vraie attraction à tout le moins inoubliable.

Il le disait. On s’en gaussait. Mais lui se targuait

Des faveurs de son souverain, donc chacun, aux aguets,

Se méfiait des noirs ragots que son inépuisable 

Langue serpentine pouvait colporter ici

Ou faire éclore là-bas. C’est ainsi qu’inexcusable

Erreur, il affirma au vizir, un matin, ceci :

« Si vous êtes arrivé jusque là, mon très oubliable

Babouin, c’est grâce à mon aura, à mon entregent,…

Que ferait-on sans moi ?… Soyez donc mon bon sergent

En tout ce que je dis ou je fais en ce si bas-monde

Sinon advienne ce que pourra… et que devra !

Serait-ce là une menace, courtisan immonde ?

– Point s’en faut !… Tout au plus quelque bon conseil en extra :

J’ai l’oreille du souverain de notre mappemonde.

Allons faquin, que ferait-on sans moi en ces lieux :

Il faut savoir aussi flatter les saints de ton Dieu !

– Je te fournirai, je le crains, la preuve vivante 

Qu’il n’en est hélas rien, cher Léopard. Et sous peu. »

Le Grand babouin rapporta l’incident à son monarque

Sans rien farder ni cacher car Lion connaissait

Son monde. Et l’impudent fut remis à l’eléphantarque

Qui le fit écarteler au bon motif qu’il le lassait.

« Que fera-ton sans moi ?… soupira-t-il face au hiérarque.

– La même chose… mais sans toi ! » lui a-t-il lancé.

Le souverain de cette dépouille orne alors son trône ;

« Que pouvait-il m’offrir de plus ? » fait le roi qui ronronne.

© Christian satgé – mars 2018

 

 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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5 Commentaires
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Invité
13 mars 2018 9 h 25 min

Bonjour Christian très beau partage, agréable journée
Mes amitiés
Fattoum.

Anne Cailloux
Membre
12 mars 2018 22 h 52 min

Pas de texte???