Les Awas
Perdus dans l’océan des songes Ils s’en vont à travers le vent. L’ombre qui les cachait S’en est allée. Disparus, coupés, déboisée : Ils errent donc à la lisière De l’Amazone et de la civilisation, Là où tout un chacun… N’est plus que l’ombre de lui-même. Désespérés, non, ils ne le sont plus. Déprimés, non, c’est trop tard. Calfeutrés, non, impossible.
| Nomade, oui, plus que jamais. Mais sans jamais l’avoir choisi. Chaque fois qu’un arbre s’évanouit, Ils reculent dans la pénombre, Leur catafalque, leur tombeau, leur sépulture : Dans le sépulcre de ce qui les a vu naître. Mais jamais ils ne se découragent, Nul instant, ils ne crient famine, Car ils chassent à la lisière de l’Amazonie, Sur le lit du long fleuve Amazone, Dans ce qu’il reste d’abris aux animaux, Dans le fond de leur forêt millénaire. Sédentaires, ils se voulaient. Chasseurs, cueilleurs, ils sont devenus : Mais pour combien de temps encore ? La fin est proche… Ils sont déjà les futurs mendiants De la transamazonienne Qui les engloutira, bientôt, pour toujours. Mais sans jamais l’avoir choisi. © Hervé Outil – 12/02/2018 |