D’après le “traité de prosodie de Gilles Sorgel”
Le sonnet régulier
II comprend quatorze vers répartis en deux quatrains à rimes embrassées et deux tercets. Deux possibilités sont correctes. Les voici :
abba abba ccd eed
abba abba ccd ede
Les quatrains peuvent également être construits en rimes croisées mais cela est bien plus rare. Certains considèrent même, sans raison valable, cette disposition comme irrégulière :
abab abab ccd eed
abab abab ccd ede
De toute façon, les deux quatrains doivent être de composition identique.
Les poètes ont utilisé différentes sortes de vers. Au XVIe siècle, le sonnet était composé de décasyllabes mais, depuis Ronsard, l’alexandrin y est roi.
Le sonnet qui peut s’adapter à toutes les nuances, n’admet ni médiocrité, ni négligence.
L’idée essentielle du poème doit s’exprimer dans le dernier vers qui doit en être le fleuron. Les sonnettistes commencent d’ailleurs, le plus souvent, leur poème par ce dernier vers.
Voyons maintenant les sonnets dits irréguliers que vous n’avez pas intérêt à imiter si vous envisagez de les présenter à un concours… sauf à vous en expliquer auparavant.
Certains ont écrit leurs sonnets en vers hétérométriques, c’est-à-dire en vers de différentes longueurs.
Ainsi ce sonnet de Baudelaire
LE CHAT
10 Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux, a
8 Retiens les griffes de ta patte, b
10 Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux a
8 Mêlés de métal et d’agate. b
10 Lorsque mes doigts caressent à loisir c
8 Ta tête et ton dos élastique, d
10 Et que ma main s’enivre du plaisir c
8 De palper ton corps électrique, d
10 Je vois ma femme en esprit ; son regard, e
8 Comme le tien, aimable bête, f
10 Profond et froid, coupe et fend comme un dard, e
8 Et des pieds jusques à la tête, f
10 Un air subtil, un dangereux parfum g
8 Nagent autour de son corps brun. G
De même Rimbaud qui a su donner aux finales de ses tercets un ton d’intimité chaleureuse.
On appelle ce sonnet le sonnet “layé”.
RÊVE POUR L’HIVER
A… elle
12 L’hiver, nous irons dans un petit wagon rosé a
6 Avec des coussins bleus. b
12 Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose a
6 Dans chaque coin moelleux. b
12 Tu fermeras l’oeil, pour ne point voir, par la glace, c
8 Grimacer les ombres des soirs, d
12 Ces monstruosités hargneuses, populace c
8 De démons noirs et de loups noirs. d
12 Puis tu te sentiras la joue égratignée… e
12 Un petit baiser, comme une folle araignée, e
6 Te courra par le cou… f
12 Et tu me diras : ” Cherche ! ” en inclinant la tête g
12 – Et nous prendrons du temps à trouver cette bête g
6 – Qui voyage beaucoup… f
Rimbaud “En wagon ”
II y a eu, bien entendu, beaucoup d’autres essais pour détourner les règles de base et créer de nouveaux types de sonnet mais ils n’ont jamais réussi à s’imposer.
Citons les principaux :
Le sonnet apparent qui ne se compose que de deux rimes alternées :
abab abab aba bab
Les vers étant disposés à la manière du sonnet régulier.
Le sonnet renversé dont le promoteur est Auguste Brizeux (1803-1858) qui écrit :
“Les rimeurs ont posé le sonnet sur la tête. ” II commence donc par les tercets.
Le sonnet polaire (Brizeux – Baudelaire “l’avertisseur”) Les tercets sont encadrés par les quatrains suivant ce schéma :
abba eef ggf cddc
abba ccd eed abba
Le sonnet alterné (Catulle Mendes 1843-1909) :
4 vers + 3 vers + 4 vers + 3 vers
3 vers + 4 vers + 3 vers + 4 vers
Le sonnet quinzain (Albert Samain) :
Se compose alors de quinze vers, le dernier prolonge l’effet de l’ensemble :
abba abba cdc dcc d
Le sonnet seizain (Albert Samain – Verlaine)
a abba caac dde aca a
Le premier vers pouvant se répéter à la fin à la manière d’un refrain.
Le sonnet estrambot qui comprend trois tercets.
On ne peut pas ne pas citer ce chef d’oeuvre d’Arvers, un sonnet irrégulier mais génial qui réussit à immortaliser à lui seul son auteur :
Mon âme a son secret, ma vie a son mystère :
Un amour éternel en un moment conçu.
Le mal est sans espoir, aussi j’ai dû le taire,
Et celle qui l’a fait n’en a jamais rien su.
Hélas ! j’aurais passé près d’elle, inaperçu,
Toujours à ses côtés et pourtant solitaire ;
Et j’aurais jusqu’au bout fait mon temps sur la terre,
N’osant rien demander, et n ‘ayant rien reçu.
Pour elle, quoique Dieu l’ait faite douce et tendre,
Elle ira son chemin, distraite, et sans entendre
Ce murmure d’amour élevé sur ses pas.
A l’austère devoir pieusement fidèle,
Elle dira, lisant ces vers tout remplis d’elle :
“Quelle est donc cette femme ? ” et ne comprendra pas.
AMOUR TROP TÔT correction
Main dans la main seuls sur la plage
Cheveux au vent d’un été chaud
Notre insouciance au bord de l’eau
Amoureux fous mais le corps sage
Un été qui cachait l’orage
D’un lendemain beaucoup moins beau
Des sentiments mis au tombeau
De toi je n’ai plus qu’une image
Un cliché un peu effacé
Qui fait resurgir le passé
Un couteau planté dans le cœur
L’amour m’a vaincu je m’incline
À l’heure où le Soleil décline
Ne reste en moi que la douleur
_______
Plus de E à élider dans ma correction Tyna, à part article, pronom et adjectif (ne)..Comptent-ils ?
AMOUR TROP TÔT
Toi et moi au soleil sur une plage.
Les pieds nus sur le sable au bord de l’eau
Le bonheur de nos vies comme un cadeau
Il ne me reste plus que cette image
Un amour débutant beaucoup trop sage
Jeunes gens découvrant un ciel nouveau
Le jour qui suivait l’autre encor plus beau
Nos joies et nos espoirs tout en partage
Trop vite est venue la saison d’automne
Notre “au revoir” toujours en moi résonne
Chacun partant vers un bel avenir
Seul sur la grève au Soleil déclinant
L’âme vide et le cœur sanguinolent
De toi je n’ai plus que le souvenir
Merci pour ce partage au formidable usage !
Tyna ,tout ceci est très beau mais trop difficile pour moi ! vous êtes ce qu’on pourrait appeler “un génie des écrits “qui a beaucoup étudié la poésie et savez la coucher sur des pages vierges, je reste simplement une autodidacte dans ma façon d’écrire mais à mon âge , cela me suffit! je sais que vous me comprendrez et me pardonnerez mes erreurs! douce journée à vous!Colette