Arrêt sur image – Jean-Marie Audrain

Le sous-titre d’une émission télévisée était : Le poids des mots, le choc des images.

Maintenant, tous les vendredis soir, à la fin du Journal Télévisé de la même chaîne publique, nous avons droit à « Une semaine en photos ». Ce ne sont que des images choc sans le poids des mots, ce qui les rend encore plus choquantes.

Je voulais spécialement m’attarder aujourd’hui sur l’image de la femme.

Le père Jacques Marin en parlait déjà dans ses enseignements au sujet des affiches présentant un nouveau modèle de voiture sur lequel était assis un top modèle des plus alléchants. Il concluait avec humour que l’homme, dans son imaginaire, à l’impression d’acheter la femme en même temps que la voiture. Cet « argument » publicitaire existe depuis les années 50, même si les belles femmes sur les premières deudeuchs sont aujourd’hui de vénérables belles doches, pardon, belles mères, susceptible de faire l’article plutôt pour des thermolactyles ou de la colle à dentier…

Des affiches aux magazines, il n’y a qu’un pas et le chanteur marocain Môrice Bénin avait obtenu un certain succès avec sa chanson Femmes des magazines.

Il y dénonçait la tyrannie de la femme-objet, le corps de la femme comme vecteur d’achat conditionné par la libido masculine. Son image économisait sûrement des mots pour allécher le client.

Historiquement, on constate que l’image a précédé le mot et qu’il constitue même la source des mots. Qu’il s’agisse des runes primitives ou des hiéroglyphes égyptiens, les mots sont bien des images, des concepts sous forme imagée, sous mode symbolique comme dans la langue des signes. Pour dire à quelqu’un qu’il est bête, on lui fait les cornes, comme les enfants le font d’ailleurs spontanément ; Pas de quoi rendre chèvre le plus puriste des linguistes.

On se souvient que nos cathédrales ont précédé nos catéchismes, tout comme les icônes dans le monde oriental. L’icône attirait principalement l’attention sur le visage et parfois sur la symbolique vestimentaire, mais jamais sur la plastique corporelle. Elle renvoyait à plus loin qu’elle-même et non à celui qui la regarde ou à celui qui l’a peinte, la majorité étant d’ailleurs anonymes ou le travail de l’école d’un maître comme Rublev.

D’ailleurs de prénoms sont nés sur ces icônes ; Véronique, Vera icona, vraie icône ou vrai visage et encore Monique, Mona icona ou visage unique.

Nous sommes passés de l’ère de la con-templation à celle de la con-sommation. Tout se consomme puisque tout se vend ! Images à l’appui. La femme des catalogues a encore de longs jours devant elle. Les réseaux sociaux en sont devenus de sérieux concurrents, les plus osés ajouterai-je. Seraient-ils les nouveaux catalogues de la concupiscence des yeux, pour parler comme Blaise Pascal ? Hors hashtag #porn, demeure juste cette nouvelle censure sur les corps dénudés de femmes : celle contre le téton non flouté. Vous voyez bien que l’on progresse pour protéger l’image de la femme !

 

 

 

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Jean-Marie Audrain

Jean-Marie Audrain (686)

Né d'un père photographe et musicien et d'une mère poètesse, Jean-Marie Audrain s'est mis à écrire des poèmes et des chansons dès qu'il sut aligner 3 mots sur un buvard puis trois accords sur un instrument (piano ou guitare). À 8 ans, il rentre au Conservatoire pour étoffer sa formation musicale.
Après un bac littéraire, Jean-Marie suit un double cursus de musicologie et de philosophie à la Sorbonne.
Il se met à écrire, dès cette époque, des textes qui lui valurent la réputation d’un homme doublement spirituel passant allègrement d’un genre humoristique à un genre mystique. D’ailleurs, il reçut de la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) un grand diplôme d’honneur en ces deux catégories.
Dans ses sources d’inspiration, on pourrait citer La Fontaine, Brassens et Devos.
Lors de la naissance du net, il se prit à aimer relever les défis avec le site Fulgures : il s’agissait de créer et publier au quotidien un texte sur un thème imposé, extrêmement limité en nombre de caractères. Par la suite il participa à quelques concours, souvent internationaux, et fut élu Grand Auteur par les plumes du site WorldWordWoo ! .
Il aime également tous les partenariats, composant des musiques sur des textes d’amis ou des paroles sur des musiques orphelines. Ses œuvres se déclinent sur une douzaine de blogs répartis par thème : poésie, philosophie, humour, spiritualité…sans oublier les Ebulitions de Jeanmarime (son nom de plume). Un autre pseudo donna le nom à son blog de poésies illustrées : http://jm-petit-prince.over-blog.com/
Pendant longtemps il a refusé de graver des CD et d’imprimer ses œuvres sur papier, étant un adepte du principe d’impermanence et méfiant envers tout ce qui est commercial. Malgré tout il vient d'autoéditer le florilège de toute en vie et dans tous les syles : https://www.amazon.fr/Petit-Prince-Mots-dit/dp/B0BFVZGNYM et d'écrire des chansons pour 3 CD d'Ophélie Morival (puis pour d'autres voix amies) : https://www.youtube.com/watch?v=Q0bvWkljrlw.
Si vous ne retenez qu’une chose de lui, c’est que c’est une âme partageuse et disponible.

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