Petite fable affable
Son passé étant devenu un vieillard
Qui n’avait, hélas, plus rien à lui dire,
Une araignée vorace un peu sur le tard
S’est revêtue de bure pour le têtard
Convertir, prêcher aux mouches qu’elle gruge
Dans son fin réseau de dentelles de Bruges,…
Officiant dans sa rosace de soie,
La filandière est fort bien en chaire :
Elle prie et fait l’coup du Père François
À qui vient l’écouter puis la chère
Sainte, et oui, communie d’elle ou de lui,
Fidèle ou chaland passant par son huis.
Elle qui parlait tant de frugalité,
D’amour du prochain, de salut,… Sa tenture
Délicate, ouvragée, moins de rédemptés
Que d’âmes perdues accueillait. Sa vêture
Plaidait pour elle mais ses actes contre elle ;
Rien ne résistait, avec ou sans ailes.
Voyant l’aérienne tapisserie
Tant garnie de reliefs de repues fines,
Un gros diable de frelon, rosseries
Aux mandibules et auréole surfine
À l’occiput vint, matin, la sermonner
Avec l’air de tout sauf, las, de pardonner.
Il la crucifia, lançant : « Notre monde
Se trouverait moins chargé de péchés
Si nous tentions tous de vivre, à la ronde,
La vérité plutôt que de la prêcher… ! »
© Christian Satgé – février 2020
Texte toujours bien écrit, dont le vocabulaire vous est particulier. Merci ! Pour la moralité, on pourrait affirmer que la théorie est plus aisée que la pratique …
OUi ceux qui prêchent , ils ne le font pas dans leurs paroisses..
Bien écrits vous en êtes le roi.
Alors là, c’est une vérité qu’il fallait dire et bien mené.
Merci de nous régaler avec vos mots
Merci, Christian, pour ce partage qui prouve encore une fois que l’action, le geste et la conduite dans la vie, sont plus parlants, plus significatifs que toutes les paroles avec lesquelles on essaie de convaincre les autres !