Petite fable affable
Assis sur ma souche, je fabulais au bois
En regardant les bêtes, la plume aux abois,
L’oreille attirée par quelque cerf qui brame.
Avec cette bonne conscience et cette âme
Sereine que donne la mauvaise foi, Loir
Me contait combien il fallait de science
Pour dormir alors qu’il fait dans le noir
Forestier plus de bruits que de silence,
Plus de mauvaise fortune que de vraies chances.
« Salut colporteur de mots ! me lance un loup las.
– Tire-toi une bûche, fis-je, et viens t’en là.
– Pourquoi, attaque l’Ysengrin, ici, personne
Ne m’aime et que les tiens me font plus mauvais
Qu’une teigne et, de conte en fable, me façonnent
Un réputation de croque-duvet ?
– C’est peut-être, cher croquant, que tu la mérites !
Fait le loir qui ne se sauva pas assez vite.
– Tu me le demandes à moi ?… Pourquoi ne pas plaider
Devant la justice des bêtes pour t’aider
À te réhabiliter ?…
– Parce qu’ils sont pires
Que les Hommes : pour eux, je suis Gargamel
Et Ogre, du diable le meilleur sbire,
Mettant tous comme chacun en sa gamelle
À l’image du loir que j’ai là glouti
Comme toi quelques parts de clafoutis !
– Mon loup, n’exagères-tu point ? Lui réponds-je.
– Nenni. Pas le moins du monde ! assura-t-il.
– N’es-tu pas un petit peu dans le mensonge
Me faisant une corde du moindre fil ?
– Non pas : je suis pour tous un croque-mitaine.
Hideur sans pareille et horreur fort certaine
Un Méphisto, un monstre et un cauchemar,
Pour les Goliath… comme pour les zigomards !
– Ne cherche pas à te grandir, mon frère,
Devant un public que tu crois acquis… » fit
L’ours qui vint à nous. Lentement. Sans tant braire.
Il ajouta pour notre loup lors déconfit :
« Car si tu ne mourras pas de ridicule
Quelqu’un pourrait s’en prendre à ton matricule ! »
© Christian Satgé – mai 2019
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Essuyer les plâtres en étant le premier à dire ce que j’en ai pensé, c’est donner une corde supplémentaire à l’arc qui fera de moi le Loup sur qui il faut tirer;
tout y est dans cette fable et le Loup en qui je me reconnais en est tout titillé.
Aimer ou être aimé il faut choisir, pour moi c’est fait et sans être déconfit je me tourne vers mon futur ….il sera matinal et doux comme de la confiture.
Amicales pensées .
Merci Philippe d’être passé matin par la clairière de mes idées noires au milieu de la forêt de mes idées claires à moins que eue ne soit l’inverse. Heureux que tu t’y reconnaisse car ce sont nos conversations, quoique limitées, qui m’ont inspiré ce texte… Je t’en remercie et te salue bien là, cher Loup. Amicalement.