Quelque part entre Jersey et Saint-Malo – Anne Cailloux

Les conversations allaient bon train hier soir sur le pont du Chateaubriand.

Perdus entre Jersey et Saint-Malo, nous naviguions dans des eaux troubles, ne sachant pas si nous étions déjà sur le territoire Français ou encore Anglais..

Tout le monde mit son grain de sel de Guérande, sur un chutney anglais, faisant des hypothèses et se basant sur la densité de l’eau, sur la couleur, les falaises, le temps et l’âge du capitaine.

Un touriste se demanda, si la mouette était française ou anglaise. Question essentielle qui devait être réglée dans l’immédiat.

En cet instant plus rien ne comptait, que la mouette clandestine. Vieille querelle anglophone qui dure depuis la nuit des temps.

­ Je trouve qu’elle est bien familière et sans gêne dit une vieille dame anglaise.

­ Vous plaisantez rajoutera un jeune homme de bonne famille, moi je la trouve plutôt arrogante, un petit peu comme certains de vos congénères !

-C’est vous qui êtes arrogant Monsieur et de toute façon, chez nous on n’appelle pas cela de l’arrogance, mais une éducation certaine que vous n’avez certainement pas..

-Moi dit une normande, je trouve qu’elle est vulgaire elle se dandine comme une femme de mauvaise vie.

Un anglais se mit à rire aux éclats et répondit : S’il n’y avait qu’elle ! Tous les anglais se mirent à glousser comme les oies du Bengale.

Puis un vieux monsieur se mit à clamer tout haut.

-Regardez au loin le petit Bé. Louis XIV craignant une invasion par les mers, décida de fortifier sa ville par Sebastian le preste de Vauban. Citadelle inviolée et imprenable à ce jour et pourtant ce n’est pas faute d’avoir essayé côté anglais !

Messieurs les Anglais, vous n’avez pas eu Saint-Malo ni ce fort Vauban, on vous offre donc, cette mouette en compensation des nombreux efforts faits par vos aïeux et le courage, de revenir visiter cet édifice, sans l’avoir eu ! Je baptise à présent cette mouette Nelson et la déclare anglaise.

Les applaudissements furent de mise sous des rires de bonne humeur. Puis, une voix murmura ses mots… De toute façon, elle était trop vulgaire pour être française cette mouette…

Le commandant et la compagnie corsaire vous remercient d’avoir voyagé sur ses lignes et vous souhaitent bon séjour parmi nous.

©2017 -Anne Cailloux

Anne Cailloux (347)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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