Un pli au creux des paumes plus tranchant que des dents de fauve s’affame aux chaleurs fuyantes ; ce sont des revenantes que le coeur n’invoque pas. Elles s’en vont par des voies ténébreuses au travers des flocons. Langue de mes mensonges, la neige s’attache à leurs cheveux et les caresse d’oubli. Suivant leur piste, je me rends aux abords du lac. Cette fois encore, je compte les satisfaire d’une honnête tombe sur laquelle un manteau de fleurs fanées leur procurera un long et doux sommeil. Mais cette fois encore, le tamis dont je me sers dans l’espoir de l’or rédempteur sonne tel un hochet : les malines ont rempli de pierre et de galets.
Je leur souris et me penche au dessus du miroir des flots. Aveugle, je ne vois ni mon reflet infect ni les remous qui hantent le fonds.
Beau son de crotale, la caillasse précieuse me fera rejoindre un jour le sable tapissant le lac.
Mais, des lointains, venant après les orages crevés et sans cesse renaissants, elle arrive, ma nymphe aimante. D’une main, elle flatte ma paume écumante et de l’autre saisit mon tamis inutile. Avec ses cheveux, la salvatrice tisse un fin entrelac puis me guide vers un discret ruisseau.
Ces chuchotements de rossignols, je ne les avais jamais entendus quand je m’hallucinais. Elle me dit de les écouter, chaque jour, que ce sont des promesses de félicité pour un coeur véridique et qu’elle me les traduira de sa bouche à la mienne. Dès lors, nous nous parlons, le ruisseau coule et charge l’or d’une brumeuse montagne qu’elle m’aide à cueillir comme un enfant patient cueillerait des roses épineuses.