Alexandre pouvait bien se vanter
D’avoir une tête bien faîte et bien pleine
Fondateur en cybersécurité
Il carburait jusqu’à en perdre haleine.
Jusqu’à ce jour où il fut foudroyé
Par une tumeur pile dans l’œil droit
Dont il s’est aussitôt fait opérer
Mais menaçant de migrer vers le foie.
Puis vint le cancer et ses métastases
Auxquelles il répondit par ce mantra
« Donnez-moi la force physique, mentale
Aussi émotionnelle et l’énergie
Pour surmonter cette épreuve » avec foi.
Il parlait aux forces de l’univers
Et aussi à la puissance de vie
A la nature dont il était très fier
D’être tombé amoureux tout petit.
Il huma son costume de super héros
Apte à repartir dans d’autres combats
Lutte féroce, ravageuse sans mot
Car jamais vaincu il ne s’avouera.
Il avait hérité de ses parents
La belle vertu de la pleine confiance
Bien aguerri pour aller de l’avant
Car rien d’impossible à ceux qui avancent.
Mûr pour affronter même les pires défis
De traverser les plus rudes épreuves
Combat d’avance perdu on lui a dit
Mais il crut en des espérances neuves.
Il fit le deuil de son passé tout comme
De toute son intégrité physique
Ne plus lutter mais faire avec en somme
Cancer accepté comme par une éthique.
Oublier toutes les cellules rongées
En se concentrant plein pot sur les saines
Le héros, son armure a déposé
Et fit la vulnérabilité sienne.
Vivre c’est être vulnérable
Être vulnérable c’est être vivant
Paroles de renaissance et de réveil
Se découvrant ainsi tel qu’il était.
Reconnecté à son humanité
Voie qui unit aux autres et au vivant
Lui des plus fragiles et plus limités
Il se confesse être interdépendant.
Jamais autosuffisants mais plutôt
Multitudes de lien tissant la vie
Tous solidaires sur le même bateau
La maladie développe l’empathie.
Même s’il sent que son rythme ralentit
Il se sent bien plus vivant que jamais
Réceptivité, écoute, on compatit
C’est l’agir et l’être qu’il réconciliait.
Yin et yang, cerveau gauche et cerveau droit
Il se sentit doublement plus humain
Maladies ne réduisent pas comme on croit
Mais nous augmentent de soir en matin.
Nait on lui comme une prise de conscience
Changer son regard sur toute faiblesse
Et la vulnérabilité d’urgence
Qui n’est plus un frein mais puissant levier.
S’engageant auprès des plus grands skippers
Du Vendée globe en monocoques il fit
Inscrire « Vulnérable » sur leurs voiles sœurs
Pour souligner leur faiblesse infinie.
Il venait de découvrir sa mission
Faire de cette vulnérabilité
Une vraie force pour notre planète
Et bien plus encore pour l’humanité.
A écouter ici en récitatif chanté :
Respect pour lui ….
Merciiii à toi Jean Marie pour ce bel écrit 🌹
Parfois de grands forces lumineuses sortent des ténèbres. Dans le chaos il y a aussi la force. Superbe !
Cher Jean-Marie.
Ce poème et sa version musicale m’ont conduit à plusieurs écoutes et relectures, tant il me touche par son sujet que par sa forme. Ce poème m’accompagne dans mon propre chemin d’écriture. Il éclaire sans imposer, et m’invite à laisser le souffle poétique tracer son propre rythme.
Le choix du vers libre, sans rime, épouse les variations de la vie d’Alexandre Fayeulle : les secousses de la maladie, les élans de spiritualité, les instants de silence ou de combat. Cette structure m’inspire — elle me montre que la poésie peut respirer avec le réel, sans artifice, et que le rythme peut devenir un miroir de l’âme.
Le mot “vulnérabilité”, répété comme un refrain discret, ne désigne pas ici une faiblesse : il devient une force, une posture de vérité. Seuls les êtres puissants savent reconnaître leurs failles sans s’y perdre. Ce poème me guide dans mon propre apprentissage : il m’invite à écrire avec sincérité, à accueillir les contrastes, et à laisser le souffle poétique tracer son propre chemin.
Merci pour ce souffle transmis, ce seuil ouvert, cette vulnérabilité offerte comme force partagée.
Oui. Un dur combat mais Alexandre était un grand !,
Un dur combat qui fut gagné. La force est en chacun de soi. Il suffit d’y croire et ne pas baisser les bras. Combattant il gagna.