Hier, une assiette est tombée
Une creuse et bien commode
De celles qu’on accommode
A tous les devoirs journaliers
Cinq louches de soupe assurées
Un demi-rôti garanti
Et puis une corbeille de fruits
Et les déchets du poulailler,
En équilibre précaire
Reposée sur l’étagère
Et toujours coincée dans l’évier
Grande copine à récurer !
Négligemment posée dehors
Comme une écuelle à son sort
Et un passage dans le four
Et vas-y que je te bourre…
Jolie vaisselle préférée,
Des uns des autres aux mains pressées
Tous tes morceaux éparpillés
Ont laissé coi les familiers.
Mais enfin ! Est-il possible
Qu’elle soit usée dans nos mains ?
Sa résistance était visible
A toutes épreuves c’est certain !
Je l’aimais bien cette assiette
Et maintenant qu’elle est brisée
Le quotidien est amputé
Et on se trouve un peu bête.
J’ai conservé tous les morceaux
Comme un puzzle à refaire
Pour les longues soirées d’hiver.
Il sera dur le temps qu’il faut
Pour un résultat en bémol
Pour un ensemble pas très beau
Je soufflerai sur la colle
Insufflant force et renouveau
Et son autre vie d’assiette
Evitera les fourchettes,
Un bel avenir bien gagné :
Dépose-clés ou bien musée.
©Anne Marie
Merci, Anne, pour ce partage dans une assiette qui ne se cassera jamais !”Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer” ? disait l’immense Lamartine.
Merci Brahim de votre commentaire et je peux répondre à Lamartine que oui cette assiette à une âme, celle de toutes les ménagères/femmes/mères qui sont à disposition des…autres ! Bon we à vous.