Un monstre est de sortie – Christian Satgé

Rapace nuisible, un prédateur rôde
Tout autour de ma maison et des miens,
Il corrode nos jours, nos nuits érode
Et donc, jamais, nulle part, on n’est bien…
Bien plus carnassier que carnivore,
Charognard par goût et par facilité,
Il se nourrit d’un rien, cet omnivore,
Et fait ventre de tout jusqu’à s’empâter…
 
Cherchant toujours, ici ou là, quelque chose
À se mettre sous la dent, griffe et crocs hors,
Il s’abreuve de sang jusqu’à l’overdose
Et bâfre viande fraîche de tous bords…
 
Pour ce viandard, il faut que cela saigne
Et souffre chez ses proies, las jamais lâchées,
Jamais repue, jamais calée, cette teigne
Aux aguets voudrait notre peau arracher…
 
Bon pas ou faux pas, là, désormais on erre,
Sans merci épiés, traqués, acculés,…,
Sachant que rien n’est pardonné aux hères
Qu’on est tous devenus sans affabuler…
 
Fuyez pour n’être déchirés par cette bête
Pour ne pas être par elle dévorés,
Broyés jusqu’à l’os et laissés sur l’herbette
Car elle ne se contente pas de navrer :
Elle nous poursuit et nul n’y échappe,
Nul n’en réchappe c’est las dans son humeur ;
Un rien nourrit cette renarde qui frappe,
Rien non plus ne la pourrit… la Rumeur !
 
© Christian Satgé – juillet 2019
Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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OberLenon
Invité
OberLenon
11 novembre 2019 14 h 34 min

Insidieuse rumeur qui court et poursuit. S’affranchir des mots qui tuent et des regards qui transpercent pour ne garder peut-être que ceux qui riment, qui font rêver et pouvoir les voir , même dans le noir… Un beau texte encore

Brahim Boumedien
Membre
10 novembre 2019 14 h 22 min

Merci, cher ami, pour ce généreux partage sur la rumeur, ce rapace tueur qui enfle sans pudeur, ce fieffé menteur, au parcours ravageur qui cause tant de malheurs !

Invité
10 novembre 2019 12 h 05 min

Christian, j’aime votre texte si réaliste. Oui, quand la rumeur vous colle à la peau, c’est foutu !