un metier prometteur : réparateur de toiles d’araignées – Marie Combernoux

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UN METIER PROMETTEUR :

REPARATEUR DE TOILES D’ARAIGNEES

Dans la nature, il y a des animaux plutôt agréables à regarder et surtout avec lesquels on peut communiquer. Il y a en d’autres, bien différents de nous, qui inspirent souvent la crainte et le dégoût. Il en est ainsi pour la race des Aranéides : les Araignées.

Et pourtant leur utilité est incontestable, les araignées contrôlent la population d’insectes et participent ainsi à l’équilibre des écosystèmes.

La nature faisant bien les choses , les araignées tissent sans relâche de grands pièges à insectes , qui sont parfois de véritables chefs d’oeuvre de soie, et ce ,depuis la nuit des temps puisqu’il en est déjà question dans la mythologie grecque.

Or, Il arriva qu’à l ’été 1999 , une mystérieuse maladie frappa ces tisserandes. Les savants du monde entier se penchèrent sur leur cas, on fit venir des spécialistes de l’araignée, mais ils ne purent que constater les dégâts : les araignées ne pouvaient plus réparer leurs toiles et donc se nourrir correctement !

On baptisa cette maladie le » syndrôme du tisserand ».

Il y eut beaucoup de diagnostics parmi les savants  : les uns disaient : c’est la pollution de notre planète, les autres : non c’est un signe qu’en 2000, il va se passer quelque chose de terrible. Les avis allaient bon train. Mais le temps passait et il fallait trouver une solution pour protéger cette espèce à huit pattes.

Alors on fit appel à un artisan rarissime, presque unique au monde : un Réparateur de toiles d’araignées . Il avait été formé à l’université d’Harvard, section Aranéologie, il s’appelait Frédéric SPIDER , habitait maintenant Paris et travaillait au vivarium du Jardin des Plantes, où il cotoyait des étudiants en Aranéologie.

J’avais la chance inouïe de travailler avec lui, en tant qu’assistante. Il avait mis au point des systèmes très élaborés de protection de toiles des Aranéides, et avait écrit plusieurs livres sur le sujet , des livres d’un incontestable intérêt scientifique pour la recherche. C’était un grand docteur«  ès tataragnes »

Les pays concernés par ce syndrôme du tisserand le firent venir. Le premier à l’appeler fut le Panama. La veille du départ, Frédéric SPIDER prépara minutieusement sa malette : il vérifia que ses outils étaient parfaitement entretenus : aiguilles de diverses tailles, bobines de fils de soie, ciseaux. Bien sûr, il avait besoin d’une assistante et je le suivi, enchantée de parcourir le monde.

Nous prîmes l’avion le lendemain et atterîmes quelques heures plus tard à Panama City. Puis de là nous nous rendîmes à Boquete, où se trouvait un parc naturel, c’est là que nous devions oeuvrer.

A notre arrivée, un guide nous amena tout de suite à une magnifique toile tissée entre deux arbres, impressionnante de beauté., mais hélas ! Trouée comme un gruyère !

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Frédéric SPIDER se mit au travail : silencieusement, pour ne pas effrayer l’araignée qui vivait là, il ouvrit sa malette, pris une grosse aiguille, passa un fil de soie dans le chas, et commença à réparer à la périphérie du trou, et petit à petit, raccrochait les fils les uns aux autres, avec une maîtrise parfaite.

Quand il eut fini, il me lança, tel un chirurgien de l’extrême, « ciseaux » ! je lui tendit les ciseaux, il coupa le fil qui restait et poussa un soupir de soulagement : la toile était sauvée !

Il transpirait à grosses gouttes mais admirait son œuvre. Au suivant ! Dit il . Nous passâmes toute l’apres midi à piquer, coudre, couper, comme de véritables chefs d’atelier de chez Dior !

Mais d’autres tâches nous attendaient sur d’autres continents, d’autres pays. Nous partîmes le lendemain pour l’ Equateur où se trouvent d’immenses forêts grouillantes de bestioles plus ou moins sympathiques .

Le gouvernement équatorien avait donné une forte somme de dollars pour que l’éminent Frédéric SPIDER vienne sauver ces magnifiques toiles d’araignées, classées au patrimoine de l’UNESCO.

N’écoutant que sa conscience, mais aussi, au vu de la somme proposée, SPIDER n’hésita pas une seconde.

Nous nous envolâmes à bord d’un avion qui se posa à Quito , la capitale. Nous n’eûmes pas le temps de visiter la ville, un pick-up conduit par un garde forestier nous pris pour nous rendre au plus profond de la forêt. Notre garde forestier gara son pick-up dans une petite clairière. La chaleur était torride malgré l’humidité ambiante. Nous entendions des cris, des gloussements, des chants d’oiseaux, des bruits non identifiés. Mais le spectacle en valait la chandelle !

Là, sous un grand arbre , sous nos yeux ébahis, une multitude de toiles d’araignées, impressionnantes par leur taille, mais très endommagées, attendaient pour se faire réparer. Mon collègue et patron, l’aranéologue Frédéric SPIDER estima longuement les dégâts, et sans plus tarder, commença son travail minutieux de tisserand globe-trotter.

Il était en pleine concentration, quand tout à coup, surgit à grande foulée , l’habitante de ce lieu.

Une araignée de la race Tarentula Gigandis ( La Tarentula Gigandis est reconnaissable à sa taille impressionnante mais aussi à ses rayures orange qu’elle a sur le dos). Sa piqûre peut être mortelle. Elle avait l’air de vouloir en découdre (ce qui était un comble pour nous, qui recousions son chef d’oeuvre en péril!)

Heureusement SPIDER avait prévu la parade , il sortit de son sac un petit vaporisateur rempli d’un produit anesthésiant spécial araignée, et lui en envoya une giclée ! La bestiole se recroquevilla et tomba dans un profond sommeil. «  Bon, elle va dormir un moment » dit il, « je vais pouvoir finir mon travail ». Et il continua à réparer les toiles jusqu’au soleil couchant.

A la nuit tombée, nous repartîmes pour Quito, où nous attendait une bonne soirée de repos dans un hôtel restaurant de la ville, retenu par les autorités équatoriennes. Je rêvais toute la nuit de ces merveilleuses images et je m’imaginais dans une robe de mariée en dentelle de soie d’araignée. Un peu trop fragile peut-être…

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Notre périple devait nous amener à changer de continent , nous allions partir pour l’Afrique, en Guinée Equatoriale. L’avion devait partir de Quito et faire plusieurs escales : la première au Venezuéla, ensuite escale à Abidjan, puis à Yaoundé au Caméroun et dernier avion pour la Guinée Equatoriale .

Nous y arrivâmes le surlendemain, fatigués mais contents de pouvoir continuer notre mission. Nous partimes en 4X4 mis à notre disposition par les autorités de la Guinée, et nous rendîmes au Parc National de Picou Basilé, qui est une pure merveille en matière de toiles d’araignées.

On y trouve notamment les toiles de la Veuve Noire, redoutable femelle lubrique, dont la particularité est de pratiquer le cannibalisme sexuel : elle s’accouple avec son mâle, et ensuite le dévore.

Arrivée au point de notre mission, nous descendîmes de la voiture et partîmes à la recherche des œuvres d’art en péril, nous les trouvâmes facilement Sous nos yeux, s’étendaient des centaines de toiles splendides mais abîmées, et nous sentions partout la présence de ses habitantes velues , pour la plupart criminelles, mais si fragiles  et si utiles à l’équilibre de l’écosystème !

Frédéric SPIDER retroussa ses manches, fit le tour des toiles, estima les dommages à réparer, et se mit au travail. Il s’affairait depuis au moins une heure, quand tout à coup, il poussa un cri de douleur. Je me précipitai vers lui : je vis en un éclair une minuscule créature étrange qui lui mordait le bras. Cétait une araignée sauteuse, qui s’était attaqué à lui par défense, cette araignée a la particularité de sauter pour attraper ses proies, en outre, elle possède 4 paires d’yeux (une vision à 360°) et a l’ouïe développée !

SPIDER gémissait, à l’endroit de la morsure, son bras était tout rouge et s’était mis à gonfler. Nous savions que la morsure de l’araignée sauteuse n’est pas mortelle pour l’homme, nous nous assîmes à l’ombre, je pris la trousse de secours et je lui nettoyais la plaie. « C’est la Veuve Noire que nous redoutions et c’est l’Araignée Sauteuse qui vous a attaqué ! » »c’est le métier de tous les dangers ! » lui dis-je.

« Ne t’inquiètes pas »me répondit ‘il « le métier de réparateur de toiles d’araignées est fascinant mais il comporte des risques , il faudra en informer les étudiants.

Au bout d’un moment de repos, Frédéric SPIDER se remit au travail, la journée tirait à sa fin, nous étions un peu las, et SPIDER avait mal au bras. Nous décidâmes d’arrêter pour aujourd’hui. Demain serait un autre jour…

Nous passâmes ainsi des mois et des mois à réparer les toiles, dans tous les coins du monde où l’on nous appelait, en attendant qu’un médicament soit mis au point pour éradiquer le « le syndrôme du tisserand » Ces toiles, une fois réparées, pouvaient tenir encore au moins une année.

Alors, Frédéric SPIDER et moi décidâmes de rentrer à Paris. Nous étions alors en Tanzanie, où nous avions travaillé pour le gouvernement, pendant plus d’un mois. Le dernier soir ,nous fîmes nos bagages et affrêtames un taxi pour le lendemain matin.

Dans le taxi qui nous menait à l’aéroport de Dar El Salam, nous étions mélancoliques mais heureux de retrouver Paris.

– 3 –

Le mois qui suivit notre arrivée fut inoubliable. La Mairie de Paris et le Ministre de la Protection des Aranéides, décidèrent de récompenser le travail magistral de Frédéric SPIDER.

Il fut convoqué en grande pompe à l’Elysée, ainsi que moi-même, pour y recevoir le « prix  ARACHNé » récompensant le meilleur artisan et docteur es-tataragnes de France. Le Ministre fit un discours élogieux, et encouragea la jeunesse à prendre exemple sur lui. SPIDER reçut une statuette en bronze, représentant une énorme Tarentula Gigantis en train de dévorer un papillon. Il remercia chaleureusement le Ministre et le Maire de Paris, tout en se demandant où il pourrait bien caser cet encombrant trophée.

Il prononça ces quelques mots : »Aujourd’hui, c’est le triomphe d’Arachné, la tisseuse Grecque de la mythologie, condamnée à être transformée en Araignée par Athéna, parce que son travail de tissage était meilleur que le sien » » C’est la revanche de la tenacité ! »

La soirée se termina sous de formidables applaudissements, et le Ministre fit savoir qu’il allait proposer dès la rentrée prochaine , un baccalauréat option « réparateur de toiles d’araignées ».

Et c’est ainsi, que depuis ce jour, les lycéens et étudiants planchent sur ce noble métier, en espérant un jour ressembler à Frédéric SPIDER, ce « tisserand de l’extrême ».

 

©Marie Combernoux

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Marie Combernoux

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je ne suis plus une jeunette, je suis née le 3 Avril 195....et quelque, j'ai été élevé jusqu'à mes 12 ans à Caussade (82) par mes grands parents , qui étaient agriculteurs et négociants en fourrage, j'ai été élevé entouré de nature, d'animaux de basse-cour, d'un jardin, et j'ai aussi appris l'occitan car entre eux mes grands parents le parlaient. Après 12 ans de bonheur , je suis allée vivre àToulouse, avec ma mère et son mari. A partir de là, ce fut une autre histoire.... je viens d'écrire un libre de nouvelles, réelles et fictives, et de poésies, j'attend sa sortie. Voilà un peu de moi, mais vous ne savez qu'une partie de ma vie riche et cahotique à la fois Bien cordialement.

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3 Commentaires
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Christian Satgé
Membre
30 juin 2018 18 h 05 min

Finement tissé et joliment dentelé. Bravo et merci Marie pour ce moment de poésie pure…

Invité
30 juin 2018 15 h 05 min

Et ben une prose qui en dit long bravo bon weekend amicalement