Tentation – Houda Boulakrach

I

Un navire face aux houles s’agite, comme s’agite un homme agoni ; c’est par là que j’ai vécu entre brume et feu ; ce feu martyrise mon âme honteuse ; la brume me console ; se gèle entre mes mains, et se fondent à la vue de ma honte. Oui ; je suis cet être douteux et infirme, je suis l’homme au bord d’un navire.

Je hume mes doutes cherchant le germe de ma naissance ; pour que je puisse naitre de nouveau ; pour que je mûrisse vigne dont le vin n’aura d’égal. Oh ! Houles, laissez-moi ce tiède regret ! Je le bois et le vénère, il me souffle ma vérité, que je suis encore un saint agonisant ; aimant et bon. Je suis humain. Mon sang humain dans mes veines humaines, mon cœur humain dans mon corps humain et mon âme jusqu’au septième ciel. Là-bas se trouve mon moi céleste.

Les sirènes chantent et m’appellent alors je me jette à la mer envouté par leur chant, aveuglé par ma faim. Je laisse le navire vide, je laisse mon âme honteuse dépouillée par mes désirs, heurter ma foi. Elle hurle, crie ; m’appelle en vain. Je suis à vous sirènes, mendiant et amant ; alors emmenez-moi aux fins fonds du gouffre marin, je vous offre feu et brume ; je vous donne même le pauvre saint.

Elles me sucent le sang, jusqu’à la dernière goutte ; et me délaisse avec ma honte. Et je reste souillé dans les abysses. Près de moi gis le cadavre d’un saint, être que je fus hier.

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Invité
3 février 2017 15 h 34 min

Superbe écriture. Ce texte est magnifique