Ballade pour Ada (Valentin Irimia, traduit du roumain) – Gabrielle Danoux

Je te hèle mon amour du fond de l’enfer Pour te respirer et ensuite te racheter Tantôt en plus, tantôt en moins à la seconde tu es Depuis l’infini d’apaisement sans paix. Les contours de ton absence par cœur je connais Ton amour et ses réverbérations de fiel aussi Ange et démon pareillement que tu … Lire plus

L’étrange peuple des poètes, par George Mihalcea (traduction Gabrielle Danoux)

Les poètes sont un étrange peuple migrateur Se dirigeant vers un continent aux abrasifs silences, On leur refuse l’appellation d’espèce protégée. Ils ne sont lus que lorsqu’il est déjà trop tard Pour remédier, encore en partie au moins, à La marche de travers sur les eaux Des dieux assignés au portage de nuages, À travers … Lire plus

Extrait du recueil Le Bouclier de Minerve de Ion Pillat, traduit par Gabrielle Sava

XIV Quel souci envers moi inavoué a incliné Ton profil pur sur ce bras appuyé sur la lance ? Dans le marbre taillé, déesse, quelle secrète souffrance A assombri la paupière par les larmes à jamais désertée ? Je croyais, Divine, que seul troublé par les passions L’homme se tourmentait, avec son esprit appauvri. Quelle … Lire plus

Poème de Constantin Marafet, traduit du roumain par Gabrielle Danoux

promenades diffuses je promène ouvertement mon sang dans les couloirs de l’hôpital nommé Roumanie. les médecins fuient, terrifiés par la fureur des pierres contenues dans les larmes, celles qui s’effondrent dans l’enfer en comptant jusqu’à la première audition. elles reviennent ensuite avec des soldes d’automne, en sifflant les feuilles par la douleur du monde démolies. … Lire plus

Post-Mortem, poème de Ion Pillat – Gabrielle Sava

Le monde aujourd’hui m’a abandonné, comme l’habit Oublié suspendu à la patère, Et seul m’est dévoilé le mystère Dont parler à personne je ne puis. Je laisse le bourdon, la poussière et les sandales : Même une ombre je ne suis plus guère. D’une autre contrée je vois au loin le pétale De cette lumière … Lire plus

La fresque d’Urbino (Pictor Ignotus : une fresque) de Ion Pillat – Gabrielle Sava

« Elle possède un charme étrange, pénétrant et mystérieux, Que la vie elle-même ne peut ressusciter. Mais celui qui fut devant la fresque quinaud Comment trouverait-il encore quelque femme belle, Ou donnerait-il ensorcelé son coeur qui ensorcelle. Reviens, étranger, si tu as été là-bas à Urbino ! » Du livre de Vasari les paroles de … Lire plus

Automne à Miorcani, par Ion Pillat – Gabrielle Sava

Sur les collines, sur cette eau, de partout choit La lumière couverte de voiles de soie. Reviennent les chariots de rêves et d’épis… Sur les cieux apaisés et dans l’âme ont décrit L’envie d’ailleurs les vols saillants des grues cendrées. Nostalgiques voyagent les moulins ailés Qui écrasent dans la douleur le blé nouveau. Mes pas … Lire plus

Midi, par Valentin Irimia – Gabrielle Sava

J’écoute la canicule descendre en murmurant Des quenouilles de pénombres s’entretissent Les secondes fertiles en s’assoupissant Couvent une signification énigmatique. Tout ce qu’il se conviait à faire l’oubliant Le soleil s’est engourdi au crochet suspendu. S’entremêlent, leurs habits de froid, en ôtant Des dimanches éclaboussés par le givre dru. Tombent de blonds prétendants suintant du … Lire plus

Consensus, par Gabriel Dinu – Gabrielle Sava

Tu es parvenu aux mêmes conclusions que moi. La mort t’a été extrêmement proche pendant la vie. Telle une chemise de ta propre peau. Parfois sa présence était si perceptible, que tu rajoutais un couvert en plus à toutes vos tables du silence. Elle ne touchait jamais la nourriture. Elle laissait tomber la faux de ses … Lire plus

Fenêtres sans murs, par Valentin Irimia – Gabrielle Sava

Dans mes rares sommeils, amoureuse que tu es, Une à une les fenêtres sans murs tu refermes, Pour que ne nous boivent pas, les fantastiques absences Qui, à trop attendre, se sont immobilisées. Laisse ouverte une seule de ces fenêtres, De rupestres poèmes je te dis Et je t’apporte en dot de sages après-midis, Tandis … Lire plus

L’étrange peuple des poètes, par George MIHALCEA – Gabrielle Sava

les poètes sont un étrange peuple migrateur se dirigeant vers un continent aux abrasifs silences on leur refuse l’appellation d’espèce protégée ils ne sont lus que lorsqu’il est déjà trop tard pour remédier encore en partie au moins à la marche de travers sur les eaux des dieux assignés au portage de nuages à travers … Lire plus

Ordres, par Indira Spătaru – Gabrielle Sava

Ne piétinez pas les fourmilières, ni les nids des oiseaux ne les cassez pas ! Ne dérangez pas les escargots dans leurs maisonnettes roulottes ayant roulé et si péniblement portées ! Ne brisez pas les fleurs, ni les ailes des insectes, Ne torturez pas les plus petits que vous ! – on nous disait quand … Lire plus

Le IV-e REICH – Gabriel Dinu – Gabrielle Sava

Le IVe Reich Cette mort et ses innombrables victimes. Derrière elle sourient perfidement, ceux qui ont repris le pouvoir sur la planète. Sans déclarations de capitulation ou de guerre. Et voici qu’arrivent les solutions de ceux qui ne trouvent pas de solutions : – Nous vous prions de monter dans les wagons ! Comment ça quels wagons ? Les … Lire plus

Vive le combat pour la paix !, par Gabriel Dinu – Gabrielle Sava

C’est alors que j’ai souri. – Vive le combat pour la paix ! Autant de troupes aux frontières ou dans le pays que de paix et de tranquillité ! Ne vous inquiétez pas Et les uns et les autres ne sont que des militants flower power. Riez, souriez, mais ne rigolez pas trop. C’est toujours : The winner takes … Lire plus

Hirondelles gelées, par Clelia Ifrim – Gabrielle Sava

Des nuits de la soie reposent sur la corde à linge. C’est l’hiver et les pinces à linge sont gelées ‒ hirondelles en bois et acier. Les nuits de la soie sont un pont de cordes. Le vent a aussi gelé. Personne ne passe. Chaque hirondelle a, dans son goitre, une graine de glaçon. Elles … Lire plus

Les godillots de ma mère, par Clelia Ifrim – Gabrielle Sava

J’ignorais tout des godillots de Van Gogh. Je connaissais les godillots de ma mère. Je savais combien de fois ils avaient été réparés, Je connaissais les semelles usées, le nombre de nœuds qu’avaient les lacets, la pointe d’un clou qui, une fois, était entrée dans mon talon droit. Maman travaillait un jour sur deux, c’est-à-dire … Lire plus

Menus poèmes, de Valentin Dolfi – Gabrielle Sava

Tu étais ma reine quand tu tournais le visage vers le couchant l’horizon s’illuminait et d’incompréhensibles paroles se posaient sagement sur le plancher tu étais mon jouet sexuel mon escarpin ma botte cavalière mon Bosphore et le marxisme léninisme ma lutte des classes la femme de ménage que j’attends et qui ne viendra jamais à … Lire plus

Les serpents – poème d’Alice Orient – Gabrielle Sava

Sous le déploiement majestueux de branches de l’humide taillis Dans l’herbe dorlotée je me couche, mes tempes sur mes paumes, Je n’autorise pas le sommeil à m’abattre de son végétal baume Car lentement je me mets à siffler le sortilège des serpents gris Qu’ils glissent sous les feuilles aux douces eaux ondulantes, Aux secrètes flammes … Lire plus