Je comptais, au départ, nommer cette minute philosophique ‘La goutte de trop’. Celle que vous évoquez lorsque, votre compte se trouvant à découvert après que le fisc vous ait prélevé vos taxes foncières et d’habitation, vous recevez un PV pour avoir roulé à 91 km/h au lieu des 90 réglementaires.
Mais aussitôt, cette goutte de trop m’a renvoyé à une interprétation toute positive.
Lors de la cérémonie familiale du shabbat le vendredi soir chez les juifs, le père ou le rabbin remplit la coupe de vin jusqu’à la faire déborder dans la soucoupe placée en dessous. C’est le signe de la surabondance du cœur, de la grâce surabondante qui ne compte pas nos mérites.
Dans les Evangiles, Jésus lui-même nous promet une mesure bien tassée, secouée et débordante. En Luc 6:38 « Donnez, et l’on vous donnera, on versera dans le pan de votre vêtement une bonne mesure bien tassée, secouée et débordante ; car on emploiera, à votre égard, la mesure dont vous vous serez servis pour mesurer ».
Enfant, j’appréciais ce geste de la part des patrons des étals du marché : la charcutière qui pesait la demi livre de saucisson demandée et offrait quelques rondelles en sus à ses clients, de même pour le marchand de fruits et légumes qui après pesée du poids demandé rajoutait toujours gracieusement, hors balance, une poignée de haricots ou de raisins, avec toujours en prime un mot gentil.
Ne lit-on pas d’ailleurs dans la Bible, que notre bouche, que nos paroles, doivent refléter la surabondance du cœur. Ne dit-on pas que quand on aime, on ne compte pas ? Ne serait-ce pas cela mieux voir avec le cœur ?On peut aller un peu plus loin avec la pensée juive et ses maximes. Il y a toujours cette goutte de bonne volonté qui fait basculer la balance dans l’autre sens.
Par exemple on peut dire dix fois j’ai refusé d’aider, onze fois j’ai accepté. Cela pour dire la onzième fois j’ai enfin compris que je devais accepter En fait il s’agit de l’ouverture du cœur quand la demande, elle-même devient elle-même surabondante, un peu comme quand cette dame malade tire sur la manche de Jésus une fois, deux fois et qu’à la troisième fois Jésus intercède à sa demande à cause de sa persévérance. Cette persévérance manifeste une surabondance de confiance.
La raison de cœur que la raison ignore aurait dit Blaise Pascal. N’est pas ainsi qu’écouter les autres et répondre à leur attente plus que de raison ?.Je vous laisse méditer sur cette minute philosophique plus que de raison.
D’ailleurs son titre n’est-il pas raison de plus… ?