J’ai soixante-quatre ans et on continue à me dire que je ne suis pas comme les autres, que je suis différente, que j’ai un petit quelque chose qui fait que…
Déjà, quand j’étais plus jeune, je répondais à celui ou à celle qui me disait ces mots que c’était normal, car étant née au mois de mars, j’étais une martienne ! Ma réponse provoquait alors deux réactions de la part de mes interlocuteurs. Soit cela les faisait rire, soit cela les rendait perplexes… Pour ma part, j’aimais bien quand on me disait ce que j’ai écrit au début de cette page et aujourd’hui encore. Comme disent les jeunes entre eux : lol !
Cependant, à y bien réfléchir, il se pourrait bien qu’effectivement je ne sois pas comme les autres.
Déjà, étant née en 1960, j’ai été forcée d’écrire de la main droite. Ce qui n’a pas été du tout évident pour moi. De plus, c’était le fameux porte-plume qui était utilisé et non le stylo bille d’aujourd’hui, beaucoup plus pratique à mon goût.
Qui dit porte-plume dit obligatoirement les objets qui vont avec : l’encre et le buvard. Je ne vous dis pas combien de fois j’ai fait des pâtés et que par conséquent, j’ai eu de mauvaises notes à la suite de ces incidents de parcours.
Pour ce qui est du buvard, je me souviens de sa couleur : rose ! Malgré le fait qu’il était à portée de ma main, je faisais quand même des taches car soit j’avais pris trop d’encre, soit la plume avait décidé de casser.
En tout cas, ce n’était pas triste. Aujourd’hui, j’écris toujours de la main droite mais je n’aime pas mon écriture. D’ailleurs, je ne l’ai jamais aimée. Je me console en me disant qu’un jour, je me servirai de ma main d’origine s’il m’arrive de me fouler, ou pourquoi pas, me casser le poignet droit.
J’ai soixante-quatre ans et cela ne m’est pas encore arrivé.
Il m’arrive, de temps à autre, de vouloir écrire de la main gauche. Le plus beau, c’est quand je fais les majuscules. Sans vouloir me vanter, elles sont plus belles avec leurs boucles. Alors que celles de la main opposée, elles ne sont pas terribles.
J’en reviens à cette époque où j’ai donc été contrainte d’écrire de la main droite. En écrivant cette phrase, il m’est revenu un documentaire passé à la télévision, il y a quelques semaines. Le sujet était l’école à travers quatre périodes : 1880, 1930, 1950 et 1980.
Avec mon mari, je l’ai regardé et je l’ai trouvé intéressant. Dans celle datant de dix ans avant ma venue au monde, un événement a retenu particulièrement mon attention. Celui où les enfants gauchers étaient obligés, eux aussi, d’écrire avec la main droite. Cela m’a rappelé quelques souvenirs mais ce que j’ai trouvé inadmissible c’est qu’ils avaient la main gauche attachée !
Pour ma part, je ne me souviens pas avoir eu ça. Mon fils aîné, qui lui aussi est gaucher mais non contrarié comme sa mère et qui s’intéresse beaucoup à l’histoire, m’a alors dit que la main gauche était considérée au Moyen-Age comme celle du Diable !
Et que, par conséquent, les personnes gauchères de cette époque étaient condamnées à être brûlées vives ! Sans faire de jeu de mots, j’ai eu chaud !
Texte écrit par Odile Stonham @ Tous droits réservés
Ce n’est pas grave d’écrire avec la main gauche cette interdiction vous a appris à écrire à gauche et à droite.
Ce n’est pas à la portée de tout le monde
Vous êtes chanceuse.
La main gauche est la main du cœur, Odile !Merci pour le partage de cette fleur !