Pépère, le respect s’perd ! – Christian Satgé

Petite fable affable d’après Confucius

 

Les tous premiers frimas, avec art, treillent

Givre et glace aux végétaux soudain figés.

L’été dormira donc sur l’une et l’autre oreille,

Somme simulé qui annonce, pour les moins âgés,

Le temps de l’école revenue au grand chêne.

 

Toutes les bêtes y vont et au savoir s’enchaînent

Sous l’égide et la houlette du Maître Hibou,

Sage savant qui, sur tout, sait tout, les p’tits bouts !

La journée finie, on viendra chercher sa marmaille

Pour rentrer chacun en sa chacunière. Au chaud.

Ce soir-là, Dame écureuil qui avait eu maille

À partir avec son tricot retrouve, en son poncho,

Son fiston qui allait quitter son bon et brave maître

Sans même le saluer d’un mot que fait naître

La politesse sur toutes les lèvres bien

Éduquées. Ce même chez les amphibiens.

Elle tance fort vertement l’impoli qui baisse,

Contrit, les yeux et qui lance à la volée

En guise d’excuse : « Mais les autres, eux ils laissent

Tout et tous sans saluer ni sans affoler

Leurs parents pour autant !

 

                                     – Que m’importe « les autres » !

Je ne t’ai pas élevé comme ça, graine d’épeautre !

La Civilisation sans civilité

Comme la vie en ville sans urbanité

Est insupportable ! Si tu ne le fais guère

Pour « les autres », fais-le donc pour toi :

Rester policé est toujours de bonne guerre

Dans un monde rustre et un temps grossier

Ça reste la gloire des gens comme il sied. »

 

Dans un sourire le Hibou, moins philosophe

Que résigné, par ces mots la mère apostrophe :

« Ma Noble Dame, n’oublie pas que ton enfant

Est moins ton fils que celui, je le déplore,

De son temps où le maroufle, hélas, est triomphant

Et la goujaterie un art de vivre même chez Flore ! »

 

© Christian Satgé, décembre 2020

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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6 Commentaires
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Colette Guinard
Membre
27 juin 2021 10 h 48 min

Les valeurs que nous avions nous les anciens évoluent avec la jeunesse mais est-ce un bien??Notre avis serait-il périmé ?
Bon dimanche ! Colette

Invité
25 juin 2021 19 h 16 min

Nous sommes de la vieille école, respect et tolérance , çà n’est plus aujourd’hui.Merci Christian.

Pascale Jarmuzynski
Membre
25 juin 2021 12 h 50 min

Politesse, respect sont les bases de toute civilisation …. Celles ci sont hélas en chute libre depuis quelques décennies 😐 …. Société devenue trop permissive où les droits ont pris le pas sur les devoirs 😒