Une phrase de Jésus le Christ peut nous aider à éclairer ce que vit notre monde actuel :
« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. »
En notre monde troublé par les conflits et le déchaînement des haines aveugles qui ne semblent pas devoir finir, ces paroles sont une joie pour l’humanité blessée, mais sonnent néanmoins comme un avertissement à ceux qui cherchent à soulager ses souffrances en pacifiant la terre : prenez garde à la paix que donne le monde, elle est incomplète ; seule la Paix que je donne pourra combler vos attentes. La paix du monde est celle que les hommes cherchent à atteindre par et pour eux-mêmes, tandis que celle du Christ nous est donnée. La première conçoit la fin des conflits comme but en soi, la seconde est bien plus exigeante, visant manifestement une fin plus grande que le seul arrêt des combats.
La Paix du Christ intègre le fait que le Mal a déclaré la guerre au Bien, et qu’il doit être combattu en conséquence. Il ne s’agit pas simplement d’arrêter les combats entre les hommes, mais de porter jusqu’à son terme le combat eschatologique, pour que la Paix soit totale et définitive.
On lit quelques lignes plus loin : « Aux autres il parlent de paix, mais le mal est dans leur coeur. »
Ainsi, si chacun s’accorde à dire que la paix est bonne en soi, demandons-nous en cherchant à l’atteindre quel genre de paix nous voulons. Celle dont l’Occident jouit depuis quelques décennies, la prospérité et la sensation de sécurité qu’elle procure et fait oublier à l’occidental favorisé les inégalités sociales criantes qui demeurent chez lui et les conditions de vie inacceptables de la majorité de l’humanité, alors qu’il ne supporterait pas de les partager un seul jour. La stabilité, même relative, de notre société porte d’aucuns à croire qu’elle est éternelle, croyance dangereuse comme on le sait :
Le psaume 34 nous dit : « Recherche la paix et poursuis-la ! » Un chemin de vie en résumé.
Le fait que la paix puisse être, comme tous les dons de Dieu, pervertie par l’homme, ne doit pas nous pousser à considérer les guerres qui ravagent le monde comme des maux inévitables. Il ne s’agit pas seulement de régler les conflits internationaux : chacun est appelé à construire la paix par son comportement avec ses proches. Il peut paraître ridicule ou disproportionné de vouloir obtenir la paix mondiale en apprenant à se réconcilier avec son voisin de palier, mais d’une part
le Christ commande d’aimer d’abord son prochain avant de s’intéresser aux peuples lointains. Cela signifie qu’il n’y aura la paix sur la terre que lorsque la bonne volonté régnera entre les hommes. Comme Vladimir Soloviev, je vous demande :« Eh bien, où donc est-elle, la bonne volonté ? Vous, l’avez vue, vous ? ». C’est à nous aujourd’hui et au quotidien d’être des femmes et des hommes de bonne volonté pour devenir des artisans de paix ; bienheureux serons-nous : nous serons appelés filles et fils de Dieu.
La guerre ne se résoudra pas en étant en guerre avec soi-même et donc les autres. Cela ne peut conduire au mieux qu’à des paix factices et provisoires permettant uniquement de mieux préparer d’autres guerres à la gloire de nos egos blessés et rebelles.
Il n’y a que la paix profonde et maintenue en conscience à chaque instant qui propage la paix autour de nous. La résonance de cet état de paix de personne, en personne, de groupe de personnes en groupe de personnes, de pays en pays favorise la paix sur terre, puis sur d’autres planètes pour enfin atteindre l’univers dans son infinité.
Un germe de guerre même minime suffit à rompre la chaîne de paix. Telle la traînée de la poudre à canon, l’explosion finale est fatale.