Savez-vous cher ami qu’il existe en ce monde
Un lieu où le martyr est traité comme immonde
Alors qu’on offre titre et gloire à certain traître ?
Ouvrez donc votre atlas : je vous le fais connaître !
Un ancien différent animait dans les cieux,
Croassants et roucoulants, palombes et colombes.
De leurs propres aveux leurs aïeux preux très pieux
Jetèrent leur opprobre et l’ennemi en tombe.
Guère saines guerres cinq terres ravagèrent
Mais ils furent comme héros proclamés par leur pairs.
Bien loin de ce désordre, un ordre colombin
En Palombie en paix offrit, samaritain,
Bons soins à qui n’est oint sans préjugé aucun.
Peu loin de là vivait, planqué sous palanquin,
Un faquin colombin d’une toute autre espèce.
Cet être daltonien confondant nacre et rouille,
De séditieux écarts soutenait par faiblesse,
En des esprits hagards suggérait qu’on zigouille
Ses frères.
La guerre
Punit ce fait :
D’une affreuse façon
Tort tua ce fripon.
Mais ses sanglantes idées
Aux révoltés bisets
Pis que billevesées
Donnèrent grain.
Chaos et haines
De naguère,
En refrain,
Moineaux en septaine
Égorgèrent.
Bien des années après, colombes sont pigeons
Gris, gras et bien pansés, en pigeonnier, cocon
De coton damassé, parterre sans pensée.
Leurs chefs itou drapés d’opale, nient d’y voir
Un parjure et leur armée abjurent,
Dénonçant à raison la vilaine torture,
Cependant loyauté rejetant en pâture.
Et l’âme qui les guide, d’un pas latin lutrin,
Béat défie les saints, rend banal leur martyr,
Son bon agenda, dais du tyran, triste sire
Qui court, tise, divise et bêtifie l’humain.
Juge très véridique
De ce procès inique,
Un raminagrobis
Croquera ces partis,
Sans une larme aucune
Fera taire rancunes,
Querelles dérisoires,
Que fonde tout espoir
D’un peu plus de pouvoir.
©Nguyen