Nostalgie – Rafik Chabbi

Au détour d’un cliché qui dévoile
Et disperse dans les étoiles
L’évanescente poussière
D’une mémoire que l’on secoue

J’entends mes souvenirs tintinnabuler
Du son d’une berceuse que j’avais oubliée.

Si je prie ardemment pour que le temps m’entraine
Auprès de mes princesses, sur une photo, figées
Je sais qu’il est trop tard, elles sont déjà reines
Couronnées par la course des heures effrénées

Combien je voudrais tant revivre ces minutes
Ces clochettes de rires et ces chants zozotés
qui faisaient un château de la moindre cahute
Et d’un bouquet de fleurs, une maison de fées

Abime d’une image en laquelle je contemple
L’érosion de ma vie comme un déchirement
Ces secondes bénies sont figées dans le temple
De ce qui est fini, à l’abri du présent

Je tourne et tourne autour de ces fenêtres closes
Que je ne peux ouvrir ou briser pour entrer
En ces havres paisibles où riaient toutes choses
Qui se sont désormais à jamais refermées

On refait tant d’erreurs, on revit tant de peines
Reprenant si souvent les ornières du passé
Comme une absurde ronde, nos défauts nous reprennent
Et pourrissent nos cœurs sans jamais se lasser.

Mais aux replis du temps, il n’est pas de recours,
Nulle porte cachée ni de voie de secours

On ne peut revenir
Vers ces rives où des phares
Nous invitent à mourir
D’aimer trop en retard

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