peinture S.Gibert Voici Marrakech, Ville rouge du sud Découvrant des chechs Ce n’est qu’un prélude. . Degrés : cinquante deux, Nous prenons stoïques Le taxi sous nos yeux, L’hôtel est magnifique ! . Le décor oriental, Parfaitement dosé, Au parfum de santal, Nous fait exploser. . Quels plafonds travaillés ! Belle lumière, Des moucharabiehs, Des jardins au-travers. . Nous nous rafraîchissons A la fleur d’oranger, Je ressens des frissons Dans mon passé plongée. . Accédant aux chambres, Verdoyants patios, Les murets sont d’ambre, Rehaussant le tableau. . L‘immensité de l’eau De la piscine bleue, Fait un joli duo Avec l’ocre du lieu. . Enfants, vos yeux brillent, Nous restons quelques jours Visitant la ville, Pour moi c’est un retour. . Le bled est le motif De ce beau voyage, Mes enfants réactifs Prennent les bagages. . Montant tous en taxi, C’est en quelques heures Qu’on arrive, marri, Et sur moi la douleur. La petite école S’affaisse sous son toit, Et aucun envol D’oiseau, on ne voit. . Le fleuve est réduit A un simple ruisseau, Plus rien ne me séduit, Où sont tes belles eaux ? . A l’usine, l’accueil, Poli, est souriant, Il faut faire le deuil De ce passé riant. . C‘est ainsi le progrès, Le site bientôt fermé, L’usine apparaît Comme un peu surannée. . Barrage en amont, Les eaux sont retenues, C’est ainsi pour de bon, Que tout meurt, tout est nu. . Je veux voir les maisons, “Ma villa” d’enfance, Sans aucune façon, Accordé d’avance !
| . Elles sont toujours debout, Toutes différentes, Voici que tout à coup, La “nôtre” me hante. . La reconnaîtrai-je ? Les jardins desséchés, Plus de sortilège, Mon coeur est asséché. . Passant sur la route, Je m’écrie: “C’est ici !” Ce qui me déroute, C’est bien la bergerie : Un tas de pierres M’a fait la retrouver, Aujourd’hui et hier, “Ma maison” tant aimée. . En sanglots m’écroulant, Mon fils me retient, Les agents me parlant, Me créent un soutien. Depuis la terrasse, Des arbres, squelettes, Toi, le temps qui passe, Tant je te regrette ! Où sont les orangers ? Les mandariniers ? Les parfums si légers Des beaux amandiers ? . La cressonnière, Et l’eau qui y bruisse, Les pensionnaires, Grenouilles qui glissent ? . Tous les grenadiers Pliant sous leurs branches, L’énorme figuier Douces figues blanches ? . Qu’êtes-vous devenues, Mes exotiques fleurs, Qui à peine venues, Sont restées dans mon coeur ? . Je n’avais que sept ans, Je vous ai découverts Eucalyptus mouvants Qui embaument les airs. . Oum-Er-Rbia, fier, J’ai plongé dans tes eaux, Tu me resteras cher, Malgré ton air nouveau ! . Nous rentrons en taxi, Plus de commentaires, Complètement occis, Mes larmes, amères. . Nous traversons l’hôtel, Les senteurs d’orangers, Et le silence est tel Que mon coeur est léger. . Au restaurant-couscous, Nous dinerons encor, Apprécié de tous, Avec un beau décor. . Oum Kalthoum Est bien interprétée, Il y a des loukoums, Nous allons déguster. . Des airs orientaux, Lancinants nous bercent, Chantés en duo, L’émotion perce … . ©Simone Gibert |
Vos mots en forme de brise qui ramène le passé sont un enchantement. Merci pour ce très beau texte que je ne pourrais jamais écrire puisque je me refuse à retourner sur un lieu où j’ai été heureux.
Merci beaucoup, Serge Campagna, votre commentaire me touche énormément ! Quant à moi, j’ai toujours voulu retrouver ce bled. Maintenant que je l’ai vu vieilli, avec beaucoup d’émotion, je suis en paix. Bizarrement, je me suis sentie aussi âgée que ce site… Douleur ! Ce barrage avait été inauguré par le roi Mohamed V, en 1945, bien avant notre venue, alors.