*Ma personne ou ma folie?*
[…] Mon nom est Ceunie. Je viens d’une famille Chrétienne. À un certain moment, on a cru que j’étais un ange. Personnage principal de la Bible, La mere du conformisme tant que l’humilitée m’a habité.
Courageuse et studieuse que je me vois, parmi un monde de jeunes qui ont participé aux concours de l’UEH ( l’université d’État d’Haïti ) , je l’ai intègrée, question de chérir et de concretiser ma vocation tant desirée sur cette allée voilée où mon avenir se dessine à pas lents.
En effet, il y a déjà quelques mois que je m’observe, que je cherche à comprendre mes moindres faits et gestes, qui sont tout d’ un coup d’une bizarrie monstrueuse.
La Ceunie que j’étais avant , avait tout, sauf ces drôles de comportement. Qu’est ce qui Diable pourrait me métamorphoser ainsi? Je me suis vue me cramponner comme une folle aux bras du Nihilisme. Rien ne vaut plus rien à mon égard, tout m’est futile y compris mon corps, mon sexe, voire ma putaine vie.
Est-ce les livres d’Albert Camus? Est-ce ceux de Sartre ou de Sarde qui m’ont si rigoureusement hanté la pensée? Est-ce ces putains de bouquins qui me poussent si naïvement à tout voir de travers?
Merde! Où Diable, puis-je trouver la source de ce mystere qui m’accapare telle une pègre ligotée par des policiers mal-payés?
Déjà une éternité que je me bats à pénétrer le mystere qui se plante derrière chaque tesson de ma personnalité. Je me livre la disponibilité, voulant m’amener à me partager les quotidiens. Jouer à la petite monologue. Je me suis livrée à moi-même avec autant de souplesses, avec autant de délicatesses.
Mais, je suis restée de marbre. Je chéris ma méfiance, je me laisse baiser par la folie. Mon instinct crève de me parler, mais je préfère emprisonner mes lèvres, que les mecs que j’ai connus, avouent tous d’être sucrées. Les mecs! Ils utilisent tous les mêmes aphorismes. Les mêmes propos clair-obscurs pour atteindre la rive des coeurs même les plus isolés.
Le quotidien de ma vie se pointe avec dédain. Dedain trop mortifiant pour les secondes de ma conception de femme libre. Le moment dont j’ai toujours rêvé.
J’aime ma folie parceque j’en suis consciente. Elle constitue une partie de ma personne. Ma mère, me trouvant bizarre, m’a dit de ne jamais oublier que chaque folie est un pas de plus vers le suicide. Et que, le suicide n’attend jamais que nous ayons achevé toutes les folies qui nous sont destinées. Il n’attend qu’un tic-tac de nos doigts pour régner notre coeur et notre âme. La folie, elle se pointe quand elle le veut et emporte qui lui plaît sans demander notre avis.
Drôle que je me vois, Parfois, je me demande si je ne me drogue pas à travers mes rêves hantés par la solitude! Impossible de décanter ma joie de ma peine tant que dans les deux cas, mon visage accouche le même référent.
Il n’y a nulle part qu’on puisse se sentir confortable que chez sois. Il est fort probable que dans mon petit monde à moi, le bonheur ,je me le forge. Il demeure sous mon emprise.
Mais, une chose est sûre, c’est que mon âme vacille entre la folie et ma personnalité. Je l’ai lu dans mon miroir et mon ombre.
À présent , je comprends que l’obligation m’est faite de faire un choix. Aussi penible et si ennuyeux que cela puisse être puisque les deux ne sauraient s’homogénéiser.
Et comme disent les rationalistes: la moindre chose à son utilité. Donc, aussi gatée que je puisse être aux yeux de mon entourage, je resterai utile à moi-même[…]