L’ours mal léché – Christian Satgé

Petite fable affable

Avec son amabilité coutumière,
Un ours saluait son prochain et ses proches,
Au mieux, d’un grognement évasif. Chaumière
Et turbin supportaient, sans reproche,
Male humeur permanente et impolitesse
Lui tenant lieu à tout moment, tout endroit,
De savoir-vivre, car tel était le droit,
Des plus frustes, de ce rustre insupportable.

Jadis, il avait convié à sa table
Dame au fait des conventions, des convenances.
Elle se lassa, un jour, est-ce acceptable ?,
D’un être sans éducation, éminence
De mépris pour ses proches et son prochain.
Notre ours n’admit pas que chose… machin ?…
Lui rendît, là, sans coup férir, la pareille.

À tout le moins, qu’une grue lui dépareille
Ses habitudes, était inadmissible.
Il en creva tympans et cassa oreilles
Alentour, avec des mots crus peu dicibles.
Mais la Dame avait fait école, ma foi,
Et on ignora cet ours plus d’une fois,
Singeant en cela, oui, ses propres manières.

Combien disent ce qu’il faut faire, avec bruit,
S’en faisant fi, hélas, pour eux-mêmes. Ignore
Préceptes et principes de qui arborre
Celles-là sans se les appliquer à lui !

© Christian Satgé – novembre 2013

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Christian Satgé

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Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

4 réflexions au sujet de “L’ours mal léché – Christian Satgé”

    • Merci Anne de tout cœur mais m’étant plus l’accent sur le travers que sur les qualités, peut-être n’y trouveriez vous pas votre compte. Cette histoire m’a été inspirée par un de mes collègues pour qui la politesse la plus élémentaire est des plus superflues. Je ne pense pas qu’il aimerait à se découvrir sous les traits de l’ours mal léché qu’il est… L’histoire est inventée bien sûr. Au plaisir de vous lire et, peut-être, en tout cas je l’espère, de vous plaire dans un nouvel apologue.

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