L’oeil complexe – Patrice Fougeray

L’oeil complexe

 

Dans le miroir, plus de reproches

Il fallait que tout s’éteigne

Que pour moi vienne le soir

Il a suffi d’un coup de broche

Pour ne plus contempler mon règne

Faire devant moi, en moi, le noir

 

 

Déjà, je ne voyais plus rien

Mes yeux sanguinolents

Où se mêlaient des larmes

Ne reflétaient plus le ciel serein

Et leurs cils si charmants

Ne battaient plus pour les dames

 

Elles baissaient leurs yeux pers, verts

Devant ma haute prestance

Leurs joues, discrètement, rougissantes.

Le Destin funeste, sévère,

Fit à l’Oracle implacable, obéissance

Et rendit ma volonté, face à lui, impuissante.

 

J’avais fouillé de ma lame

L’envoyant au sépulcre,

Le ventre de mon père

Et de mon sexe infâme

Lors de nos nuits de lucre

Celui de ma propre mère.

 

J’erre de route en route

Aveuglé de remords

Je souffre dans mes tripes

Je règne dans le doute

Maudissant en vain le sort,

J’ai pour tout nom : Œdipe !

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