“Aujourd’hui c’est curieux, car ce fut rare en fait, depuis nos «retrouvailles », comme j’aime tant à nommer notre rencontre – et tu es là, pourtant ! – j’ai comme un mauvais pressentiment. Sensation d’amertume, qui grandit et grandit comme de la mauvaise herbe, dans un champ trop longtemps desséché : j’ai peur de toi…
Oui. Peur de ton inconstance, de tes « je t’aime », qui sait, déclarés à la va-vite, peut-être sans véritable fondement, peut-être inconséquents. J’ai peur de ton éventuelle duplicité. Je redoute le mensonge, la tromperie, mais aussi les emballements trop soudains, les émotions trop précoces.
Un retour de bâton me rejetterait dans la fosse aux lions, indubitablement, me renverrait dans mon éternelle prison de chagrin dévorant, moi, impuissante à me battre devant tant de désillusion, encore une fois, devant tant de fatalité si prégnante.
J’en perçois déjà la bataille d’usure, et les tout derniers mots que je t’adresserais, Adrien mon aimé, ange que j’adorais, après la terrible rupture : l’« impossibilité » de nous continuer, en vrai, et la révolte absurde devant un tel échec, entrevu trop souvent…
Impossible, mon ange, je répète ce mot, et je ne peux y croire
Impossible mes yeux, sans ton amour miroir
Déjà mon corps s’assèche, impossible ma chair
Sans tes doigts tes caresses
Impossibles, mes larmes, sans ton puits de lumière
Ton soleil qui les sèche.
Arrêtons cette guerre, ou qu’elle ne commence
Le toucher de ta main, ta joue contre ma joue,
Cela seul faisait sens
Je dépose mes armes
Ce jour, à tes genoux
Il y eut trop de drames
La bataille est à bout
Je te laisse mes larmes
D’amour, et puis c’est tout
Impossible, pourtant? Tout mon corps se révolte
Contre cet insensé
Je tremble dans ma chair, car de toi délivrée
Je sens bien qu’elle perd une chaleur innée.
Impossible, vraiment ? Cette union serait morte?
Inouï, cet abandon, ce rêve désavoué
Ce nous qui se flétrit après avoir éclot
Cette rose anoblie par nos doigts enchantés
La rose de la vie découpée par la faux
Du temps qui désunit
C’est triste, et cependant, je ne peux m’empêcher
D’y penser, un sourire à mes lèvres posé
Je ne suis pas blasée, j’ai gardé la tendresse
Des gestes échangés, des mots et des promesses
Parfois réalisées
Et je veux t’adresser, en guise de merci, de prière ou que sais-je
Ces pensées de soleil des jours émerveillés
Souvenirs pleins de grâce défilant le cortège
De ma mémoire ailée – le meilleur, le rêvé
Je voudrais te léguer je ne sais quel espoir,
Je ne sais quelle envie… Que cette encre parcoure
Ton corps comme une gloire
Qui te dure toujours
Car ces mots que j’écris, c’est la main de l’amour
Qui me les a transmis
Et ce sont ces histoires, ces contes de toujours
Pour lesquelles on survit :
La quête de l’amour, la seule qui guérit
Oh je t’en prie, mon bel, mon amour tout neuf, ne t’enfuis pas encore, et laisse-moi encore un peu téter le lait si pur de la renaissance d’aimer, enfin, peut-être, la « bonne personne » !
Ne me fais pas ce coup bas de t’en aller trop vite, après avoir raccommodé tant de choses, tant de coutures déchirées dans le creux de mon cœur. Avant d’en avoir fini de raviver toutes mes couleurs, et de réanimer ma chair si longtemps en deuil de l’idée d’un « absent », cet « amour absolu », guérisseur espéré, attendu quelquefois bien plus qu’on peut penser attendre, de toutes peines imaginables, aujourd’hui encore enfermées au profond de mon être, là où l’on est tous – et peut-être moi encore plus que tant d’autres – si vulnérables à la douleur.
Je te guette, je te jauge, j’espionne, un peu, le moindre de tes gestes, de tes regards, et puis de tes si douces déclarations. De ces tendres promesses qu’on se fait dans l’alcôve des nuits vives… des nuits comme des soleils.
« Je t’aime », m’as-tu confessé hier. Oui, hier. On est si bien ensemble…
On rit, on pleure, on se sourit si doucement… On laisse notre folle imagination parcourir tous les rivages du possible. On se tient par la main. On se caresse de manière instinctive, et si délicatement.
Ne me fais pas faux bond un jour, mon cœur, Adrien mon espoir, car je t’ai tout donné. Oui, déjà…
Ne me laisse donc pas seule avec ce terrible, interminable goût d’inachevé dans mes artères, avec un mal de cœur plus terrifiant encore que celui que je ressentais déjà avant de te connaître!
J’ai peur. Si peur…
Car je sais bien que la déroute n’est jamais loin. Nos corps sont figés dans le doute, quelquefois vain, quelquefois sûr.
Pourtant c’est le même refrain, c’est toujours ces mots de blessure, qu’on s’entend répéter au loin : « Vous êtes dans le faux, vous êtes dans la catégorie des déprimés sans fin. Ou bien des vagabonds, des êtres trop changeants, jamais assez sereins. »
J’ai donc peur de tes gestes, peur de toi Adrien. Je connais la promesse. Elle vous tient la main, un moment, puis vous lâche, et l’on en ressort vains, voûté comme un ravin, montagne où je me jure, cependant que demain, j’aurais ce bel azur, que j’aurais mon destin, là, dedans mon armure…”
http://www.edilivre.com/l-inconstance-des-sentiments-231c822081.html
L’Amour avec un grand “A” on y revient toujours… Avec Bonheur et Souffrances. Pourquoi en guérir… Au risque de priver vos lecteurs d’une belle prose qui rime avec coeur. Ah non !! Merci de cet enchantement Caroline. Laurence
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Merci à vous et bonne continuation Caroline.
Alain
Après vos “Constats” nous découvrons avec grand plaisir votre ouvrage poétique . . .
Merci pour ces extraits et félicitations Caroline !
Nous avons hâte de découvrir la suite de vos oeuvres.
Bien à vous,
Alain