L’HONNEUR DANS LES LARMES ET LE SANG
Publié par Les Éditions Proximité à Yaoundé en février 2022, est un texte poétique qui regroupe des poèmes de l’univers enfantin, érotique, social et politique, etc. Cette œuvre éclectique s’adresse à toutes les sensibilités et met en scène les actions et les aventures de la vie humaine. C’est un texte percutant qui, contrairement aux préjugés actuels sur la Poésie, se lie aisément, et projette comme sur un écran de télé les grandes préoccupations et les grandes interrogations de la vie contemporaine. Mais aussi ses espérances ! Vous pouvez l’avoir à 10 euros, frais d’envoi par poste non compris ( un vrai cadeau, le livre s’étend sur 138 pages) à l’adresse suivante : Leutcha Tchatchou Michèle Picarde, +49 163 2490079, Aachen, Allemagne.
Voici quelques extraits :
UN INGÉNIEUR RETRAITÉ
Laboure bien tes pores
Pour en tirer de l’or
Fais la chasse aux papillons
Pour monter tes avions
Va dresser ton château
Sur l’aile d’un corbeau
Au centre d’un cerceau
Va bâtir ton métro
Au foyer du désert
Va guérir tes misères
Va cueillir dans la fleur
Le nectar du bonheur
Rêve ! rêve de nouveau
Tout peut être bien beau
Yaoundé 21 septembre 1987
AMANT BLESSÉ
À Alice
Ma vie de grosses larmes de regret
Inonde bouillant d’amers remords
Le tombeau de l’amour en mon cœur
Regret d’une perte si précieuse
Qui tourmente le calme de mes jours
Regret d’une beauté détrônée
Aux yeux de l’avenir
Nos vies semblaient des roses épanouies
Seul je souffre de l’avoir quittée
Comment oublier les douces heures
Passées dans ses doux bras
Le cœur buvant une sublime volupté
Comment oublier les clairs de lune
Où nous goûtions l’un près de l’autre
L’amour couchés dans un pré
Ô cœur envahi par de puissants sanglots
Ô toi qui aimes et qui as tant aimé
Reverrai-je encore les étés qui furent miens
Ô pauvre destin ô cruel amour
Ô déesse que je pleure nuit et jour
Faut-il recommencer ou abréger mon séjour
Depuis le soir où mon cœur renonça rebelle
À sa couche ô soir inoubliable
J’ai perdu la saveur des beaux jours de ma jeunesse
E.N.S. Yaoundé 17 février 1986
Minuit 30
M I L L E F O I S D I X M I L L E
À Douala à Lagos à Pretoria à Tunis à Nairobi
nous sommes mille fois dix mille
têtes vides ventres creux fiers pouilleux
mille fois dix mille sans cesse sous le soleil
mille fois dix mille sans cesse sous la pluie
mille fois dix mille sans cesse dans les champs
mille fois dix mille dans l’esclavage des usines
mille fois dix mille travaillant comme des robots
mille fois dix mille travaillant pour engraisser
les dix fois dix mille qui du matin au soir
mangent et boivent sans souffrir
à Tokyo à Nankin à Paris à Memphis à Santiago
nous sommes mille fois dix mille mille fois dix mille
paysans de la terre payés du pain des misères
mille fois dix mille ouvriers des usines
privés de la belle vie vivant dans des bidonvilles
ô dix fois dix mille qui volent nos maigres pains
ô dix fois dix mille multipliant l’enfer de nos peines
enrichis par la sueur de nos multiples labeurs
fusillant nos droits violant les acquis de nos luttes
Assez ! nous sommes mille fois dix mille ouvriers paysans
mille fois dix mille noirs rouges jaunes blancs
qui meurent de faim qui meurent de soif
à Nairobi à Nankin à Paris à Memphis à Santiago
versus dix fois dix mille qui meurent de bonne chère
assez ! nous avons aussi le droit de jouir
hic et nunc des fruits de nos labeurs
et mille fois dix mille fois nous vaincrons ou mourrons
au champ d’honneur du pain et de l’or pour tous
Ndoungué 1985