L’hidalgo à Paname – Jean-Marie Audrain

Don Quichotte, un hidalgo à Paname

On avait soufflé à l’oreille du vénérable chevalier errant qu’il n’était pas le seul illustre hildalgo sur cette plate terre. Il en existerait une version féminine au coeur du pays des francs et des maçons, peut-être était-elle même franche-maçonne… Une rivale de choix somme toute occupant un palais imprenable! Il s’y immisça par des manigances de séduction les plus rusées. Il revendiquerait la paternité de la nouvelle formule historique : « Sous mon manteau, je nique la reine ». Il ne renonça à rien pour convaincre la souveraine de baisser les armes, surtout pas à ses imparables effets de Manche. Il ne voulait la conquérir que pour lui prouver qu’elle trouverait en lui le plus chaste amoureux et le plus vaillant chevalier de toute la terre comme de tous les océans sans fond. Après quelques pintes de cervoise, il la fit boire, rire et roter tant et tant avec quelques amusettes de son pays, d’incontournables gauloiseries, qu’il s’en trouva obligé tomber la cuirasse tant son corps s’en trouvait engaillardi. Tout cela exigeait promesse de récompense pour le vaillant conquérant.

Le ciel devait être avec lui car sa Rossinante trouva l’Anne à son goût, la reine se prénommait en effet ainsi. A peine tombé de sa croupe, l’impénitent conquérant somma sa dulcinée de Panamo de lui lancer un défi afin de la délivrer des ennemis intra-muros. Elle lui répondit en vocable codé : mon ami, oserez-vous délivrer la zone écarlate numéro 18 ?

Sitôt dit, sitôt harnaché pour cette nouvelle croisade. Il remplaça la carotte mise sous le nez de sa monture par un préservatif usagé afin qu’elle le guide jusqu’aux antres maudites des ennemis de sa Nanette (il l’appelait déjà de ce tendre sobriquet). Sitôt ressorti du ruisseau indigène, trempé jusqu’à l’encolure, il aperçut dans les lueurs du soir le feu du camps ennemi qui rougeoyait dans la nuit de ses encens malfaisants qui lui faisaient déjà tourner la tête au point qu’il en perdit son plat de barbier qui lui servait à la fois de bombe et de casque.

De loin il repéra les deux sentinelles harnachées de leurs moulinets à vent et de leurs moulinets arrière. L’une d’entre elles rougissait d’impatience de livrer combat, gardée par des princesses déguenillées prêtes à verser leur sang pour contrer toute tentative de pénétration. En deux temps trois mouvement, il embrocha quatre donzelles de garde du bout de sa nouvelle lance arrachées du sol entre deux parcmètres (il en avait ôté la lucarne lumineuse qui le chapeautait). Encore hurlantes comme des possédées, il les laissa s’agripper une à une aux quatre pales de ce moulin de plus en plus écarlate. Visant l’une d’entre elles, il asséna alors un vigoureux coup circulaire avec son pieux offensif et la moulinette se mit à tourner à une vitesse d’enfer. Se mêlaient dans l’air les cris d’horreur des quatre péripatéticiennes sacrifiées et de la foule qui hurlait: «Rien ne va plus, les jeux sont faits». C’est à ce moment précis, qu’à sa grande surprise, apparut son fidèle écuyer au sang chaud et à la triste cire qu’il avait semé en chemin, escaladant tout essoufflé les marches de la caverne appelée Métro Pigalle. En apercevant ces demoiselles cramponnées tant bien que mal à chacun des quatre pales du moulin, il ne peut s’empêcher de les haranguer de l’un de ses incontournables proverbes: « Tant va la cruche à l’homme qu’à la fin elle se crashe”.

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Jean-Marie Audrain

Jean-Marie Audrain (737)

Né d'un père photographe et musicien et d'une mère poètesse, Jean-Marie Audrain s'est mis à écrire des poèmes et des chansons dès qu'il sut aligner 3 mots sur un buvard puis trois accords sur un instrument (piano ou guitare). À 8 ans, il rentre au Conservatoire pour étoffer sa formation musicale.
Après un bac littéraire, Jean-Marie suit un double cursus de musicologie et de philosophie à la Sorbonne.
Il se met à écrire, dès cette époque, des textes qui lui valurent la réputation d’un homme doublement spirituel passant allègrement d’un genre humoristique à un genre mystique. D’ailleurs, il reçut de la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) un grand diplôme d’honneur en ces deux catégories.
Dans ses sources d’inspiration, on pourrait citer La Fontaine, Brassens et Devos.
Lors de la naissance du net, il se prit à aimer relever les défis avec le site Fulgures : il s’agissait de créer et publier au quotidien un texte sur un thème imposé, extrêmement limité en nombre de caractères. Par la suite il participa à quelques concours, souvent internationaux, et fut élu Grand Auteur par les plumes du site WorldWordWoo ! .
Il aime également tous les partenariats, composant des musiques sur des textes d’amis ou des paroles sur des musiques orphelines. Ses œuvres se déclinent sur une douzaine de blogs répartis par thème : poésie, philosophie, humour, spiritualité…sans oublier les Ebulitions de Jeanmarime (son nom de plume). Un autre pseudo donna le nom à son blog de poésies illustrées : http://jm-petit-prince.over-blog.com/
Pendant longtemps il a refusé de graver des CD et d’imprimer ses œuvres sur papier, étant un adepte du principe d’impermanence et méfiant envers tout ce qui est commercial. Malgré tout il vient d'autoéditer le florilège de toute en vie et dans tous les syles : https://www.amazon.fr/Petit-Prince-Mots-dit/dp/B0BFVZGNYM et d'écrire des chansons pour 3 CD d'Ophélie Morival (puis pour d'autres voix amies) : https://www.youtube.com/watch?v=Q0bvWkljrlw.
Si vous ne retenez qu’une chose de lui, c’est que c’est une âme partageuse et disponible.

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