Les Inutiles – Caroline Pivert

Les inutiles

 

Je me promenais solitaire

Le soleil pleuvait sur la ville

Et c’est là que dans les ruelles

Il y avait des fleurs qu’on exile

 

J’ai acheté ces quelques fleurs

J’ai acheté ces inutiles

Puisqu’elles expriment le bonheur

Là où les mots sont difficiles

 

J’ai fait cet achat indécent

Alors que je n’ai plus d’argent

Puis quand je l’ai vu battre un cil

Tout près de moi mon beau passant…

 

Il avait les yeux de l’azur

J’avais des frissons de partout

Et j’ai compensé ma brûlure

Avec ce que j’avais de sous

 

J’ai acheté ces autres fleurs

J’ai acheté ces inutiles

Puisqu’elles expriment la douleur

Là où les maux sont difficiles

 

Ces quelques fleurs, et puis c’est tout

Pour maintenir l’instant fragile

La beauté qui met à genoux

Mais parfois trop tôt se défile…

 

Et j’ai acheté tant de fleurs

J’ai acheté tant d’inutiles

Que j’ai bien compris dans mon cœur

Que ce n’était pas si futile

 

Il est parti, voilà, c’est tout…

La vie est brève, il faut sourire

Ne pas nourrir de regrets fous

Et les inutiles respirent

 

Et les inutiles respirent

 

©Caroline Pivert

 

 

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