Je suis enfermé dans un prisme de verre,
Au dehors les pinsons chantent muets dans un jardin tout vert,
Dans le silence sourd déambulent des dames à chapeau,
De longues robes couvrent à peine leur botines à boutons,
Elles devisent sous de légères ombrelles bordées de fine dentelle,
Leur homme flâne dans de beaux salons, oú il fait la conversation,
Des dames légères, bien tenues, défilent en petite tenue,
Sur le pavé, au dehors, est un homme qui meurt, gelé,
D’une bien bonne mort, indolore, il s’endort pétrifié,
Chaque face du prisme de ma tombe me montre un nouveau monde,
Je vois ainsi la femme du monde battre la servante,
Et je vois aussi l’homme battre la putain de l’échoppe à saillies,
L’ouvrier donner sa vie pour un quignon de pain,
Et tant de choses sous la surface méritant mon désespoir,
Ce fumier nourrit une société cannibale qui se reproduit dans les bals,
Elle danse au son d’une muette musique magistrale,
Apprend à se divertir et à ignorer un monde mystérieux qui se plait à souffrir,
Ainsi de certains “hommes”, pauvres et affamés de se croire encore des animaux,
Que l’on peut donc dévorer à son aise.
Je bouge la manette du temps et rien n’a changé en 200 ans,
Mais les fortunes sont maintenant immenses et invisibles,
Et les voleurs ne sont plus des hommes désespérés,
Les voleurs sont au bal dansant sur des musiques magistrales,
Ils décident et se repaissent de tout, en bon cannibales.
© Stéphane
Un excellent texte. Bravo et merci pour ce partage engagé et engageant… à se battre pour plus de justice.
Merci, engagé et désespéré.
Lamais ne désespérer… même si l’espoir est difficile.