Par ce confinement,
Ces angoissantes journées,
Ces graves événements,
Pourrais-je vous emmener ?
Dans un pays de dunes,
Où le dépaysement
Même au clair de lune
Serait un enchantement ?
Des fleurs s’épanouissent,
Sculptées de vent de sable
Leurs arêtes se hérissent,
Belles, inaltérables.
Mai Ali n’en a cure,
Renfrognée est sa mine,
Il est sourd au murmure
De ce vent qui décline.
Père, sur son destrier,
Le laissant, s’en est allé,
Il a eu beau supplier …
Restant à l’écart, allez !
Il va bouder pour toujours,
De grandir, impatient,
Son regard des mauvais jours
Fait de lui l’inconscient,
Loin d’ici, qui partira
Pour des contrées où il pleut,
Et ne se retournera,
Fier, coiffé du chèche bleu.
Le sabre à la taille,
Comme le fait son père,
Car en cas de bataille,
Il saura quoi faire !
La nuit sous les étoiles,
Sur un fond de bleu sombre,
Il oubliera les toiles
Du Caïd, dans l’ombre,
L’incendie par le soleil
Du désert en son couchant,
Et des animaux l’éveil
Semblant quelque peu un chant,
Faucon d’un cri s’envolant,
En flèche rayant l’azur,
Le plus beau des cerfs-volants
Décrivant un cercle pur,
Sous la tente, le fumet,
Quand mijote le repas,
Et le piment de ces mets
Dont on ne se lasse pas,
Et le marché aux chameaux,
Ou plutôt dromadaires,
(Qui le laisse sans un mot)
Où palabre son père.
Un rapace hululant,
Les caravanes passent,
S’arrêtent, un thé brulant
Bienvenu, les délassent.
Tous les ânes de l’Orient,
Qui se mettent à braire,
Devant les enfants, riant,
De concert pour leur frère.
La douceur de sa mère,
Lorsqu’un chagrin survient,
Et sa blessure amère
De couper tous ses liens …
C’est la voix de son père !
Son esprit n’est plus gris,
Il oublie sa colère,
Il court, il saute, il rit !
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Ça fait u bien Simone… Comme tu le dis dans le contexte actuel, le voyage immobile, reste la seule évasion qui nous reste. Bravo et merci pour ces paysages et ces personnages que tu ressuscites si bien.
Christian, “le voyage immobile” est celui que je pratique depuis quelques années déjà … Mais, j’ai eu largement ma part ! Je n’ai pas à me plaindre. Grand merci pour tes mots qui me rassurent (et me flattent), car j’ai choisi de vivre ce confinement seule . Amitiés.
Magnifique écrit qui donne envie d’allez boire le thé au pignons sous le soleil.
trés agréable écrit en ses jours noires..
Baisers
Anne
Anne, quel joli compliment vous me faîtes, si ce texte vous envoie des effluves de thé – moi, je dirais “à la menthe” – ! Merci beaucoup, je vous embrasse par amitié et pour cela aussi.
Merci, Simone, pour le partage de cette belle description de l’innocence enfantine, telle qu’on l’imagine !
Merci Brahim ! Très sincèrement. A travers ces écrits sur l’Afrique, j’aime me replonger dans mes souvenirs et les revivre intensément.