Découvrez le premier roman noir de Gabrielle Danoux, traductrice du roumain, ainsi que sa première nouvelle, et dernière ?
Voici un extrait :
Le Star Turenne était en effet le seul endroit où nous pouvions construire une partie de notre histoire du cinéma. Loin des cinémathèques et salles prestigieuses des grandes métropoles, c’était la seule salle d’art et d’essais de Crouziers. J’étais heureux d’entendre Arielle rire pendant les comédies de Monicelli, frémir pendant les films d’épouvante de Bava ou les thrillers hitchcockiens. Nous fûmes même introduits au cinéma japonais : Mizoguchi, Ozu, Kurosawa. Plus tard, nous devions découvrir Oshima, Naruse, Masumura, Suzuki et d’autres qui nous donnent leur propre obscure clarté, nous aident, nous qui nous sentons toujours liés. Où d’autre aurions-nous pu voir les films d’Éric Rohmer, qui vont droit à la parole, souvent aux corps d’apparence banale, mais si attirants de ses actrices, ceux de Bresson, que l’on dit austères, pourtant si immédiats, limpides, et même ceux de Nicholas Ray ou d’Alfred Hitchcock qui, bien qu’il soit difficile d’en trouver de plus célèbres, sont rarement diffusés à la télévision, étrange lucarne dissimulant si mal la pauvreté du paysage culturel qui s’impose à qui n’est pas bien né.