L’arbre d’Eglantine – Marie-Hélène Coppa

Le Printemps était enfin arrivé. Églantine se sentait d’humeur joyeuse. Sa saison préférée, celle qu’elle attendait depuis trop longtemps, le temps de la renaissance. Dehors les oiseaux chantaient, le soleil brillait, atmosphère propice à une belle promenade. Inutile de se vêtir d’un manteau, il faisait si doux dehors. Elle prit quand même un gilet  dans l’armoire de sa chambre et sortit de la maison. Les cerisiers du Japon arboraient leur manteau de pétales de fleurs roses, les forsythias leur parure miel doré. Un réel ravissement de la nature en effervescence.  Dans les rues pas un bruit de voitures, aucun vacarme de travaux. Étonnamment tout était calme. Le silence s’était installé comme pour laisser le Printemps œuvrer tout à son aise. Elle croisa un voisin qui avait eu lui aussi la même idée, profité de cette belle journée pour aller se balader. Ils échangèrent un sourire et chacun partit de son côté. Elle marchait déjà depuis quelques minutes quand elle arriva près du petit parc où d’ordinaire des petits groupes d’enfants venaient s’y amuser. Mais ce jour-là, elle était seule à pouvoir profiter de la sérénité du lieu. Dans les massifs, tulipes, jacinthes et jonquilles explosaient de bonheur, un vrai tapis de fleurs naturel.

–         C’est tellement joli, soupira Églantine attendrie.

Son attention fut attirée par un arbre gigantesque, un platane supposa-t-elle.  Contrairement aux autres arbres dont les branches étaient déjà recouvertes de multitude de bourgeons prêts à éclore, celui-ci ne montrait aucun signe de montée de sève. Cet arbre paraissait totalement mort. Irrésistiblement, elle s’approcha de lui. Elle se trouvait désormais au pied de l’arbre et d’en regarder la cime lui déclencha le vertige.

  • Mon Dieu qu’il est haut ! se dit-t-elle.

Elle en ignore encore à ce jour la raison, mais l’envie lui prit soudain d’enrouler ses bras autour de son tronc et d’y poser l’oreille. C’est alors qu’elle entendit un bruit sourd qui semblait venir de très loin.

  • Toc…..toc…..toc….. semblable au bruit de battements de cœur au ralenti.

Eglantine fit un pas en arrière !

Perplexe, elle pensa sur l’instant que ce bruit n’était que le pur fruit de son imagination. La douceur du Printemps la plongea alors dans un état second. Elle s’adossa au platane et se laissa glisser lentement sur le sol jusqu’à se retrouver assise au pied de l’arbre. Les rayons du soleil caressèrent son visage d’ange et une légère brise vint la dorloter. Églantine s’endormit grisée par cette délicieuse sensation.

Les heures s’écoulèrent et la nuit l’enveloppa petit à petit. Églantine dormait toujours adossée sous le grand arbre aux branches dénudées. Au petit matin, elle ouvrit timidement les paupières, réveillée par le piaillement de petits moineaux. Elle se mit à bailler en étirant ses jolis bras potelés.

  • Ah ! j’ai bien dormi, cette petite sieste m’a fait un bien fou.

C’est alors qu’au même moment elle aperçut l’horloge de l’église qui affichait…NEUF HEURES !

  • Mais ce n’est pas possible ? s’exclama-t-elle. Je n’ai quand même pas dormi ici toute la nuit ?

Et pourtant il fallait bien se rendre à l’évidence, elle avait bien passé la nuit dehors, dans le petit parc.

Églantine leva son regard vers le ciel. Le soleil filtrait au travers des feuilles de l’arbre sur lequel elle était toujours adossée.

Elle bondit tout-à-coup afin de contempler de face l’arbre qui semblait mort la veille.

Stupéfaction ! Il était désormais majestueux, plein de vigueur et dominait au milieu du parc comme  maître des lieux. Églantine eut beau frotter ses jolis yeux, l’arbre était bien vivant, bien vert, ses branches recouvertes de larges feuilles frissonnantes sous la brise, bien en avance d’ailleurs sur la saison.

  • Ça alors ! mais il était bien mort cet arbre hier ? s’exclama-t-elle.

Elle s’approcha une nouvelle fois du platane. Un peu hésitante, elle positionna à nouveau ses bras autour du tronc, posa son oreille et voici ce qu’elle entendit bien distinctement cette fois-ci :

  • Toc, toc, toc, toc, toc, comme des battements de cœur mais très réguliers.

À cet instant précis, une pie vint se poser délicatement sur une branche du platane et s’adressa à elle dans un langage qu’étrangement Églantine interpréta :

  • Ton cœur est grand Églantine, ton pouvoir est magique. Tu as redonné vie à l’arbre, juste par ta douceur et la chaleur de ta peau et surtout par ton amour de la nature. Grâce à toi le platane est revenu parmi nous. Merci de l’avoir veillé cette nuit. Et la pie prit son envol, abandonnant Églantine abasourdie par la révélation de l’oiseau.

Ne pouvant désormais s’attarder davantage, Églantine prit la décision de rentrer à la maison, mais avant elle prit soin de déposer un doux baiser sur le tronc de l’arbre qui renaissait à la vie.

Depuis lors, dès qu’elle en a l’occasion, Églantine vient sous le platane, SON platane,  parfois même elle lui fredonne une petite mélodie et de tout là-haut, l’arbre lui sourit.

Moralité :

Voyez-vous les enfants, il suffit d’un peu d’amour et d’une bonne âme pour faire revenir à la vie la Nature endormie.

C’est en s’attachant aux autres que l’on reçoit.

 

FIN

TDR@MH Coppa autrice

extrait de mon livre “Les petits contes de Marie” Editions Evidence (Adapté aux lecteurs dyslexiques)

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