La brume, blancheur ingénue,
m’enveloppe éperdument,
Je marche par la plaine enivrée
Dans le silence givré ;
Je laisse derrière moi
Les grondements accablants
De l’agglomération pesante
Qui résonnent lourdement.
M’enfonçant dans les graminées,
Je foule avec joie la douceur
De la crinière terrestre
Que strient les larmes des montagnes.
Qu’ils sont distants les trottoirs grossiers
Sillonnés par les ruisseaux du temps
Aux soubresauts irréguliers
Sur lesquels mes cannes butent.
Le paysage dégagé
M’ouvre le somptueux horizon
Des ambitions intimistes
Tombant dans les abysses de la joie.
J’ai abandonné la ville engoncée
Dans un sans-issue, cul de sac
Que forment les murs des rues
Aux perspectives assombries.
Qu’ils sont loin le blanc esseulé
De mes quotidiens mornes ;
Moi, l’homme emprisonné par la clameur
Uniformément égoïste,
J’étais dans l’humeur dépressive,
Dans la zombification.
Mais la solitude colorée
D’émeraude naturelle,
Mais la liberté couronnée
De variétés célestes,
M’ébaudissent grandement,
M’enivrent éperdument.
David Frenkel