La solitude colorée – David Frenkel

La brume, blancheur ingénue,

m’enveloppe éperdument,

Je marche par la plaine enivrée

Dans le silence givré ;

Je laisse derrière moi

Les grondements accablants

De l’agglomération pesante

Qui résonnent lourdement.

 

M’enfonçant dans les graminées,

Je foule avec joie la douceur

De la crinière terrestre

Que strient les larmes des montagnes.

Qu’ils sont distants les trottoirs grossiers

Sillonnés par les ruisseaux du temps

Aux soubresauts irréguliers

Sur lesquels mes cannes butent.

 

Le paysage dégagé

M’ouvre le somptueux horizon

Des ambitions intimistes

Tombant dans les abysses de la joie.

J’ai abandonné la ville engoncée

Dans un sans-issue, cul de sac

Que forment les murs des rues

Aux perspectives assombries.

 

Qu’ils sont loin le blanc esseulé

De mes quotidiens mornes ;

Moi, l’homme emprisonné par la clameur

Uniformément égoïste,

J’étais dans l’humeur dépressive,

Dans la zombification.

Mais la solitude colorée

D’émeraude naturelle,

Mais la liberté couronnée

De variétés célestes,

M’ébaudissent grandement,

M’enivrent éperdument.

 

David Frenkel

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Je me suis un jour juré de faire cohabiter sur une feuille blanche le verbe et son sujet. Le sujet se rebiffe souvent lorsque le verbe brasse du vent. Vers l’âge de cinquante-six ans, ma plume trépigna d’impatience, elle désirait voir si les deux, après entente et plus, enfanteraient en direct et en toutes circonstances un complément. Je la pris par la main et la promenai le long de mes pages, et en rebroussant souvent chemin. Le front en sueur, elle aperçut après des heures de marche le nouveau-né, la prose d’un écrivain que la vie avait malmené.

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