LA NATURE ECORCHEE
Cette fin de nuit d’automne tiède,
Promeneur solitaire … à l’orée
De la cité, … j’explore cette quiétude,
Lorsque nul bruit ne hante la campagne.
Des collines surplombent
La mer qui les baigne
Et servent de refuge
Au peuple des bois.
Parfois, elles s’envolent
Sous la poussée des nuages,
Qui forment avec elles
Un paysage mythique.
Vers l’infini de l’horizon,
Des voiliers s’éloignent
Pleins de rêves … emportés
Là où ciel et mer se confondent.
Soudain les lumières de la ville
S’avancent vers moi, … comme
Des milliers de torches dans la nuit,
Me sortent de ma méditation.
Des éclairs suivent … dans la douceur
D’une nature envoûtante,
Libèrent la folie des hommes,
Leur besoin de détruire … de tuer.
Des craquements, des aboiements,
Des coups tel un orage qui éclate,
Les collines sont en feu,
Des animaux crient … tombent.
Des nuages de fumée grise
Délavent l’air … d’une paleur
Qui glace l’atmosphère lourde …
La nature tout entière gémit.
Un oiseau se dresse sur ses pattes,
Fend l’air de ses grandes ailes
Et avec un petit cri plonge … inerte
Dans le ciel azuré.
L’écho … porte les coups
Dans la campagne apeurée
Les bêtes, dans tous les sens,
Cherchent quelque refuge.
La lune jette des trouées blanches
Dans la nature qui pleure
Eclaire les bois, les plantes, les animaux
Terrassés par le drame qui les déchire.
Ma gorge se serre,
Le souffle me manque,
Des bruits de mort … l’effroi,
Je m’enfuis … ma tête martelée.
La clarté d’une aurore naissante,
Eclose aux légers rayons du soleil,
Rend un peu d’espoir
A la vie qui s’effrite.
Les vagues frappent … purifient
Les collines enfiévrées … m’appellent
A quitter ces lieux troublés
Par la frénésie sauvage des hommes.
Nature, libèreras-tu un jour
L’homme de ses pulsions malsaines?
Le mèneras-tu au sommet
De sa noblesse subtile?
Serge Lapisse