C’était l’un parmi les douze,
Douze comme les tribus d’Israël,
Depuis trois ans, il avait tout abandonné,
Pêche, famille, amis,
Pour suivre Jésus.
Depuis trois ans, il l’écoutait, il le servait.
C’était Judas.
Les autres lui faisaient confiance.
Ils lui avaient même donné les cordons de la bourse.
Homme discret,
Il avait fait une seule fois parler de lui.
Quand la femme avait versé sur la tête de Jésus
Un parfum de grande valeur.
Il aurait préféré qu’on vende ce parfum
Et qu’on donne l’argent aux pauvres.
Peut-on lui reprocher cela ?
Puis ce fût la Cène
Et Jésus le chargeant d’informer le Grand Prêtre
Qu’il serait ce soir au jardin de Gethsémani.
Puis Ponce Pilate, l’autre grand innocent,
Et la croix.
Déçu, trahi par celui qu’il rêvait « Roi des Juifs »
Abandonné, loin des siens,
Judas s’est donné la mort.
A sa place, qu’aurions-nous fait ?
Avons-nous le droit de le condamner ?
Martial Havel
Surtout, cher Martial, que sans Judas, l’ami Jésus n’aurait pu mourir et donc ressusciter c’est-à-dire prouver ses dires sur lesquels on a bâti 2 000 ans de christianisme…
Cela semble évident mais c’est trop évident pour être évacué d’un coup. 2 000 d’histoire, c’est beaucoup.