A mes sœurs et frères centrafricains
Je suis une herbe verte brûlée par la haine
et mes vertes graines sont la proie de mes milices
J’ai quitté la vallée des saisons sans cri
pour m’attacher aux nuits et jours arrosés de sang
Je saccage la succulence des rêves de la vie
pour l’apothéose des miasmes de la mort
Je décape la chair des baumes de l’espérance
pour me vêtir de l’airain de la brouillerie
À moi donc le chant des cabales et des affres du destin
à moi les rivages décorés de chair
À moi l’honneur des accords incendiés
à moi le sanctuaire des droits décapités
Je blâme la mélodie des grands pontes du chaos
et chante la destinée des vastes aubes fatales
J’ai tourné le dos aux odes du dialogue
pour m’installer dans la nuit de la surdité
Mon soleil là-haut lève son toast fraternel
et en exode loin du fief de mes ancêtres
qui explose et draine des fleuves de sang
j’attends ici l’oracle de l’avenir
mer aux vagues apaisées
© Ngaoundéré 30 décembre 2013
07 : 53 in Des mots et des rêves