Frères de plume au poil – Christian Satgé

Petite fable affable à Philippe

 

Messer Loup, un jour lassé de vagabonder
Sur les routes que l’Histoire avait fécondées,
Surtout celles vieilles comme les chemins
Menant à tous horizons, à tous les demains,
Planta ses souvenirs dans la sédentarité.
Posé loin de l’errance et de sa précarité,
Sa plume se promenait encore dans les temps
Qu’il avait connus un moment, vus un instant,…
Il rencontra ainsi un drôle d’animal, dru,
En lequel une engageante belette crût
Reconnaître peut-être un renard, rusé
Compère, antan dit-on, des lupines curées.

 

C’était un « chaméléon », bête d’intérieur :
Casanier comme un gros chat, mais vadrouilleur
Comme un vaisseau du désert dans tous ses écrits,
Voyageant entre hier et ailleurs, moqueries
Douces-amères sur son temps, qu’en caméléon,
Il faisait fables datant d’avant les néons.
Et ce pèlerin immobile de noircir
Des pages que Messer Loup, hélas, dut se farcir
Mais goûta pourtant et loua tout aussi fort.
Il le dit à faire rougir, à grand renfort
De flatteuses images, à notre bon « Maître Renard »
Qui lui aimait la prose de ce Loup anar’.

 

Au fil des mots se tissa une amitié
Improbable assez entre ces deux êtres entiers,
Aux deux vies aussi diverses que leurs parcours,
Partageant un même humour et un même amour
De l’Humain ; deux inconnus qui, comme larrons
En foire, voulaient voir tourner un peu plus rond
Notre Terre, deux bêtes qui, las, ne s’étaient
Jamais vues mais aspiraient aux mêmes étés
Pour eux et les leurs sans discours ni débats,…
Il n’est nul besoin, de se connaître, ici-bas,
Depuis l’âge où l’on est d’insolents marmots
Pour se reconnaître au-delà des maux et des mots !

 

© Christian Satgé – avril 2019

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Philippe X
Membre
8 avril 2019 5 h 35 min

“Il faut se méfier de sa première impression car elle est souvent la bonne” au risque de se faire voler dans les plumes, les exploitants de ce “refuge à animaux en mal d’identité ” ont tenté l’aventure en m’ouvrant la porte. Je ne parle pas de cage, j’ai découvert une sorte nouvelle Liberté à hurler ; De fabuleuses rencontres en la personne d’un RENARD et d’une BELETTE; et de La Rousse (dico to me ou for me )
Tout ce bla-bla pour te dire que je trouve ton idée au poil, soyons larrons en foire mais pas” ladrons” et enfoirés.
Style différent, personnalité bien trempée, à qui il ne faut pas (pas de faux-pas )la raconter..eh bien si justement il faut que nous nous racontions pour se rencontrer.
Je remercie le taulier de cette opportunité.